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Nick Hornby - Fever Pitch

Démarré par Vince, 28-11-2011, 18:02:35

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Vince

Citercesc4official - Reading the book \"Fever pitch\" by Nick Hornby. I recommend it to everybody. From a big Arsenal fan.
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Je viens de voir que le topic du livre a disparu, donc je profite du tweet de Fabregas pour en reparler. C'est une vrai bible du supporter de football en général, Nick Hornby parle de son obsession pour son Club - Arsenal - depuis son enfance jusque l'âge adulte. Un livre a lire, pour ceux qui ne l'ont pas déjà lu!



[large]Quelques extraits ..[/large]

J'avais évidemment déjà assisté à des spectacles, j'avais été au cinéma, vu des numéros de pantomime, écouté ma mère chanter dans les chœurs du Cheval Blanc à la mairie mais, cette fois, c'était différent. Les publics auxquels je m'étais mêlé avaient payé pour s'amuser et, bien que l'on remarquât ici ou là un adulte qui bâillait ou un enfant un peu nerveux, je n'avais jamais aperçu des visages contorsionnés de rage, de désespoir, de frustration. Je découvrais qu'un divertissement pouvait causer de la souffrance, phénomène que je ne soupçonnais pas et auquel pourtant il me semble que je m'attendais.  

[...]

Cette saison, papa et moi allâmes à Highbury une demi-douzaine de fois et, à la mi-mars 1969, j'étais un supporter confirmé. Les jours de match, je m'éveillais l'estomac serré, la crampe s'intensifiait jusqu'à ce qu'Arsenal ait deux buts d'avance, alors seulement je pouvais me détendre. Mais l'apaisement ne fut complet que le jour, juste avant Noël, où nous battîmes Everton par 3 buts à 1. J'avais un tel trac le samedi que j'insistais souvent pour entrer dans le stade à une heure de l'après-midi, deux heures avant le coup d'envoi; mon père cédait à mes exigences avec autant de patience que de bonne humeur, malgré le froid glacial et le mutisme qui me paralysaient dès 14h15.  

Même lorsqu'il s'agissait d'une partie dont le résultat importait peu, j'avais les nerfs en pelote. Arsenal avait, cette fichue saison-là, perdu en novembre toute chance de gagner la Coupe (d'habitude ses espoirs se prolongeaient un peu plus longtemps), mais si, d'un point de vue scientifique, une dernière victoire ou défaite ne changeait pas grand-chose, c'était pour moi le jour et la nuit. A cette époque, j'entretenais avec Arsenal des relations exclusivement personnelles, l'équipe n'existait que lorsque j'étais présent au stade (je ne me souviens pas que ses échecs en d'autres lieux m'aient fortement affecté). Si elle gagnait sous mes yeux par 5 à 0 et perdait ailleurs par 10 à 0, je considérais qu'il y avait de quoi se réjouir et j'applaudissais les joueurs qui défilaient sur la nationale dans un bus décapotable.  

Mais je faisais exception lorsqu'il s'agissait de la Coupe, celle de la Football Association que j'aurais aimé voir Arsenal remporter, même en mon absence. Hélas, son sort fut réglé lors de la défaite que nous infligea West Brom, par 1 à 0. J'avais été forcé d'aller au lit avant la fin des prolongations, un mercredi, et ma mère écrivit le résultat sur un bout de papier qu'elle attacha à la serviette que j'emportais à l'école. Je lus et relus le verdict, je me sentais trahi par ce message. Si ma mère m'avait aimé, elle ne m'aurait pas annoncé une telle catastrophe. Ce qui me blessait tout particulièrement, c'était le point d'exclamation en fin de ligne, qui avait l'air de... s'exclamer lui aussi. Il me semblait aussi inconvenant que s'il avait signalé la mort d'un être cher: «Grand-maman est morte paisiblement durant son sommeil!» Je ne m'attendais pas à pareille déception qui pour moi, aujourd'hui, est chose habituelle. A présent, en écrivant ce livre, je me rappelle une vingtaine de défaites analogues, mais jamais je n'ai souffert autant que cette première fois.

[...]  

Convenons-en, les obsessions ne sont pas drôles et les obsédés ne s'amusent pas. Mais le problème est plus grave qu'il n'y paraît. Je pense que je n'étais guère heureux et un dépressif de treize ans a du mal à supporter sa mélancolie quand tout invite à se gausser ou à se réjouir, ce qui est inévitablement le cas. Comment exprimer sa souffrance lorsque les gens autour de vous s'acharnent à vous faire ricaner? Il n'y avait pas de quoi ricaner aux matchs d'Arsenal, pas pour moi en tout cas. Et, bien que j'eusse des amis qui auraient été contents de m'accompagner au stade, mon rôle de supporter ne tarda pas à devenir une activité solitaire. Sur les vingt-cinq matchs que je vis la saison suivante, j'étais seul les trois quarts du temps. Je ne tenais pas à m'amuser au football. Je m'amusais partout ailleurs et j'en avais plus qu'assez. Ce à quoi j'aspirais, c'était trouver un endroit où pouvait s'épanouir un vague mal de vivre, où je pouvais demeurer immobile à me ronger les sangs et à broyer du noir. J'avais le cafard et, quand je regardais mon équipe, nul ne m'empêchait de m'abandonner à mes sentiments; ils en pesaient moins lourd.

[...]  


 En ce temps-là, pour qu'un match soit vraiment mémorable, et que je revienne à la maison grisé de bonheur, plusieurs conditions devaient être remplies: il fallait que j'y assiste avec mon père, nous devions déjeuner avant dans un «moules- frites» et avec une table rien que pour nous, et avoir des places juste en face du tunnel par lequel sortaient les joueurs dont je pouvais avant tout le monde saluer l'arrivée sur le terrain. Arsenal devait jouer avec brio et l'emporter par deux buts indiscutables, le stade devait être plein ou presque plein (ce qui impliquait un adversaire de qualité), la partie devait être filmée par ITV qui la retransmettait le dimanche après-midi plutôt que par la BBC qui la diffusait le soir même (j'aimais attendre un plaisir promis) et Papa devait être chaudement vêtu. Souvent, il arrivait de France sans pardessus, oubliant qu'il ferait à peine zéro pour notre samedi, et il grelottait si violemment que j'avais des scrupules à insister pour que nous restions jusqu'au coup de sifflet final. N'empêche, j'insistais toujours et, quand nous regagnions la voiture, il était si gelé qu'il avait peine à parler, je me sentais coupable, mais pas au point de me priver d'un éventuel but de dernière minute.  

C'étaient des exigences extravagantes et nul ne s'étonnera qu'elles n'aient été satisfaites qu'une fois, pour autant que je m'en souvienne: lors du match contre Derby, en 1972, quand, stimulé par Alan Ball, Arsenal remporta le championnat par 2 à 0, grâce à un doublé de Charlie George, un penalty et une superbe tête. Et ce jour-là, il y avait eu une table rien que pour mon père et moi au «moules-frites», l'arbitre avait arrêté le match et accordé un coup franc quand Ball avait été fauché, mon père n'avait pas oublié son pardessus. Il n'en fallait pas plus pour que je cède à l'optimisme. J'avais tort. Ces heureuses coïncidences promettaient un avenir radieux qui n'existait pas. Arsenal jouait trop bien, les buts que marquait Charlie étaient trop spectaculaires, il y avait trop de gens qui tous appréciaient à leur juste valeur les exploits de l'équipe... Certes, le 12 février se déroula bel et bien comme je l'ai décrit, mais il fait aujourd'hui figure d'exception. La vie n'est pas et n'a jamais été un match remporté à domicile par 2 à 0 contre les leaders, après un repas de frites et de croquettes de poisson.

[...]  

Si je ne tiens pas à mourir en cours de saison, j'avoue que je suis du nombre qui aimerait que ses cendres soient répandues sur le stade de Highbury (bien que je comprenne qu'il existe des restrictions, trop de fenêtres donnent sur le terrain et peut-être le gazon souffrira-t-il si, l'une après l'autre, des urnes se déversent sur lui. Pourtant, la perspective de voleter dans l'air, sous une forme ou l'autre, me sourit, et j'aimerais assister aux performances d'une équipe sélectionnée, un samedi, voir les remplaçants la semaine suivante. Je me réjouirais de sentir que mes enfants et petits-enfants vibrent parmi les supporters d'Arsenal et que je participe à leurs émotions. Voilà qui ne me paraît pas la plus mauvaise manière de passer l'éternité, meilleure certainement que si j'étais déversé dans l'Atlantique ou émietté sur la cime d'une montagne.

FISS89240

Merci Vince pour ces extraits!! :ascfr:

gunner007

En fait il faut lire toute la bibliographie de Nick Hornby, imprégnée de son amour pour le ballon rond et notamment pour Arsenal : dans chaque livre des clins d'oeil, références au club londonien de son coeur.

Vince

[large]Fever Pitch devient un classique moderne[/large]



L'ouvrage de Nick Hornby a maintenant 20 ans, et la maison d'édition anglaise Pinguin Books le considère dorénavant comme un classique de la littérature contemporaine.

Liam Brady lui rend hommage dans le Guardian : \"Je pense que Nick en général a fait au football une grande faveur, mais surtout il a fait une grande faveur à tout ces gens qui ne comprenaient pas ce sport. Je pense qu'expliquer une passion, un amour, une folie est toujours une bonne chose.\"

Nick Hornby était aujourd'hui invité sur Radio4 dans une emission spéciale Fever Pitched: Twenty Years On, interviewé par John Wilson, le fils de l'illustre gardien d'Arsenal Bob Wilson.
Ecoutez ici

Atys

Je ne connaissais pas mais ça donne envie de le lire c'est en français et on le trouve partout ?

TheArmoury

Le titre en français : carton jaune

Dispo sur Amazon.

Atys

Ok merci je verrai si je le prends en français ou en anglais

Vince

[large]Hornby - Mon livre n'a pas vendu le football aux classes moyennes[/large]

Article de Nick Hornby lui même : http://www.telegraph.co.uk/culture/books/9481042/Nick-Hornby-People-say-my-book-sold-football-to-the-middle-classes.-I-disagree.html



:respect:

jones79

L'article est vraiment excellent, sur le monde de football d'aujourd'hui et le monde de football disparu.La comparaison est bien fait.

Vince

Oui c'est très beau ..
\"... my sons and millions of others, boys and girls, are just starting out on a journey that will bring them a lot of pain and, very occasionally, moments of transcendental joy. I don't suppose that will ever end.\"

gunners54

Est ce que quelqu'un sait ou on peut trouver le film en francais svp ?
[img]http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.youaremyarsenal.com%2Fimages%2FJackie-wall1600x900-variation.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fyouaremyarsenal.com%2Fwallpapers%2F&h=1010&w=1600&tbnid=JPaPfYTZhQmrWM%3A&zoom=1&docid=KEsLTSjFTqZEZM&ei=_BDSVNfHJNDqaNvqgogC&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=1

Vince

Il n'existe pas en français.

gunners54

Citation de: Vince le 26-09-2014, 16:04:12
Il n'existe pas en français.


Et en anglais, parce qu'à part trouver quelques extraits sur yt, j'ai que dalle :(
[img]http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.youaremyarsenal.com%2Fimages%2FJackie-wall1600x900-variation.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fyouaremyarsenal.com%2Fwallpapers%2F&h=1010&w=1600&tbnid=JPaPfYTZhQmrWM%3A&zoom=1&docid=KEsLTSjFTqZEZM&ei=_BDSVNfHJNDqaNvqgogC&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=1

Vince

Citation de: gunners54 le 26-09-2014, 16:20:54
Citation de: Vince le 26-09-2014, 16:04:12
Il n'existe pas en français.


Et en anglais, parce qu'à part trouver quelques extraits sur yt, j'ai que dalle :(

En anglais tu devrait pas avoir de mal à le trouver, je l'ai trouvé en DVD sur Amazone, sinon il doit ùtre en streaming ou en téléchargement quelque part sur le net.

Par contre ça n'a rien à voir avec le bouquin, ça reprend juste un personnage similaire à celui du livre (qui est Nick Hornby), et c'est scénarisé par Nick Hornby, donc on y retrouve les mùmes principes quand le le livre, mais c'est pas la mùme histoire.

gunners54

[img]http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.youaremyarsenal.com%2Fimages%2FJackie-wall1600x900-variation.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fyouaremyarsenal.com%2Fwallpapers%2F&h=1010&w=1600&tbnid=JPaPfYTZhQmrWM%3A&zoom=1&docid=KEsLTSjFTqZEZM&ei=_BDSVNfHJNDqaNvqgogC&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=1

TheMerse

P
Citation de: Vince le 26-09-2014, 16:04:12
Il n'existe pas en français.

Pourtant il était passé sur Canal + il y a trèèèèès longtemps en VF

Ben4

Je l'ai vu en anglais sans sous-titres, chaud...
Bon film en tout cas pour tous les fans d'arsenal!
"My heart is tied to this football club-Arsenal is my life. This club has deep-seated roots and a tremendous heritage and it is my aim to uphold these important values and help create new history for future generations to recount.\" Arsène Wenger

Nytak

Tu l'as enfin vu c'est bien :)

Vince

11-07-2016, 12:57:41 #18 Dernière édition: 11-07-2016, 13:18:44 par Vince
Citation de: Vince le 22-08-2012, 15:39:17
Hornby - Mon livre n'a pas vendu le football aux classes moyennes

Article de Nick Hornby lui même : http://www.telegraph.co.uk/culture/books/9481042/Nick-Hornby-People-say-my-book-sold-football-to-the-middle-classes.-I-disagree.html



:respect:


Je suis retombé sur cet article et je me suis dit que j'allais le traduire ..
Bonne lecture. Et ceux qui n'ont toujours pas lu Fever Pitch (Carton Jaune, en français), faites le pendant l'été. ;)

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En Février 2011 - le 27 pour être précis, à environ 17h50 - mon équipe, Arsenal, concède un but à la dernière minute d'une finale de Coupe à Wembley contre Birmingham City et donc perd le match. Je regardais pendant que les fans de Birmingham à l'autre bout du stade explosaient de joie, une joie rendu plus forte par leur incrédulité: Birmingham était sur le point de descendre, et on attendait une victoire facile d'Arsenal.

Moi comme d'autres fans d'Arsenal d'un certain âge, on a déjà vu ça avant : j'ai vu mon équipe perdre contre Swindon Town, une équipe de 3ème division, et le petit Luton, contre West Ham quand ils étaient en seconde division, tout ces matchs sont décris dans mon livre Fever Pitch. Donc le jeune homme que j'étais n'aurait pas été surpris par ce malheureux déroulement des choses, bien qu'ils aurait été déçu qu'aucune loi ou invention d'existe au 21ème siècle pour nous éviter ça.

Le jeune de 11 ans qui a vu Arsenal perdre contre Swindon aurait été étonné par pleins d'aspect de ce match contre Birmingham; l'homme de 34 ans qui a écrit Fever Pitch aurait eu besoin de quelques explications aussi. Par exemple, Birmingham City qui ouvre le score sur une tête d'un géant serbe, avant qu'un hollandais égalise pour Arsenal. Et un nigérian prêté par un Club russe marque le but vainqueur après un ridicule malentendu entre un français et un polonais. Qui sont ces gens? Qu'est-ce qui les a amené à venir jouer une finale de coupe anglaise à Wembley? Et pourquoi j'ai payé presque 90£ pour les regarder?

Le Football anglais a changé depuis que Fever Pitch a été publié en 1992. En effet, beaucoup plus de choses se sont passé que dans les 70 ou 80 années qui ont précédé. Le Football est plus rapide et meilleur, et les joueurs sont en meilleur condition physique, plus accompli. Nos stades sont plus sécurisés, mais les billets sont très chers et plus difficile d'accès. Donc la foule dans les stades est plus âgé, moins bruyante. Tout ceux qui ont joué en Premier League ces 10 dernières années sont des multimillionnaires, par définition, mais au début des années 90s, le joueur anglais le plus talentueux, Paul Gascoigne, jouait pour la riche et plus glamour serie A italienne.

Depuis la lire et l'attraction de ce championnat ont disparu. On s'abonne à une chaine sportive et on peut voir 2 ou 3 matchs par jour, dans toute l'Europe. C'est plus simple de regarder un match de Premier League à la TV quand on est à New York ou dans les Îles Canaries, qu'à Londres, et dans tout les bars du monde on peut discuter avec un fan d'Arsenal de la frilosité d'Arsène Wenger sur le marché des transferts. L'équipe que j'ai commencé à supporter était austère, difficile à aimer, elle est soudainement devenu synonyme de perfection esthétique, et a vécu probablement la meilleur part de son histoire; entre 1997 et 2006, j'ai pu voir quelques uns des meilleurs joueurs du monde tout les samedi.

La plus part de ces changements ont pris racine à un événement, le désastre d'Hillsborough, et un homme, Rupert Murdoch. Après Hillsborough unanimement on reconnaissait que quelque chose devait changer - que ces énormes et vieilles 'terraces' n'étaient pas sécurisés, qu'un après-midi de divertissement ne devait pas comporter le danger de blessure ou même de mort. Et Murdoch a vu que son réseau de TV deviendrait indispensable pour une énorme part de la population si il achetait les droits du sport le plus populaire du monde. Il a injecté de l'argent dans ce sport, les joueurs étrangers sont arrivés par centaines, et le prix des abonnements a augmenté pour compenser l'augmentation des salaires.

J'ai lu, plus d'une fois, une autre opinion de ce changement, une opinion disant que Fever Pitch a d'une certaine manière été responsable de ces changements. Selon cette théorie, mon livre a vendu ce sport aux classes moyennes, qui sont devenu tout d'un coup les seules personnes à pouvoir se permettre d'acheter un billet. J'aimerai avoir la responsabilité d'un significatif changement social et culturel, mais malheureusement je ne peux pas; ce n'est pas de la modestie quand je dis que le propriétaire d'un empire médiatique international a eu plus d'impact sur le sport britannique que mon premier livre. Et de toute manière, il y a quelque chose de suspect là; c'est laisser croire que le succès de mon livre est du aux lecteurs de la classe moyenne. Comment ça peut être autrement, la classe populaire ne sait pas lire? Pour moi Fever Pitch a été lu par des gens qui achètent des livres, ou pas, par des gens qui ont de grands diplômes, ou des gens qui ont quitté l'école à 16 ans; de ce que j'ai pu conclure de mes conversations avec mes lecteurs, ma propre éducation n'a été d'aucune utilité face au traumatisme infligé par Don Rogers lors de cette finale de Coupe de la Ligue en 1969.

Il n'y a aucune histoire incroyable derrière Fever Pitch - l'écriture est venu toute seule, et j'ai trouvé un éditeur relativement assez rapidement. Mais beaucoup d'éditeur m'ont tourné le dos en me répondant que "les livres sur le Football ne se vendent pas". L'idée derrière tout ça c'était "Les Footeux sont stupides, ils n'achètent même pas les biographie de mauvaise qualité sur les Footballeurs". Peut-être qu'ils n'achetaient pas ces biographies tout simplement parce qu'elles étaient de mauvaise qualité. Fever Pitch n'a peut-être pas changé socialement les foules dans les stades, mais j'espère que ce livre aura permit aux éditeurs à se réveiller sur le potentiel commercial de l'écriture sportive. Je ne veux pas faire de déclaration extravagante sur mon livre, mais je savais qu'en l'écrivant, beaucoup de fans de Football pourraient le lire sans bouger les lèvres.

Deux inspirations pour ce livre étaient américaines : les mémoires de Tobias Wolff This Boy's Life; et une nouvelle oubliée de Frederick Exley, A Fan's Notes (d'où le sous titre de Fever Pitch, A Fan's Life). Peut-être que parce que la culture populaire américaine est dominante, personne ne semble surpris qu'un auteur soit autant passionné par les scores du Baseball et de la poésie contemporaine. En UK, ce genre de chose est encore vu avec suspicion. Un Footeux qui lit, c'est un bobo prétentieux; un poète avec un abonnement dans un stade, c'est juste pour s'encanailler.

Je savais que le Football s'étendait au delà des classes populaires depuis longtemps avant Fever Pitch. Beaucoup de gens avec qui je regardait et jouait étaient, comme moi, la première génération de la classe moyenne; bénéficiaires de l'ascenseur social d'après-guerre. On a été à l'université, alors que nos parents non, et dans beaucoup de cas, on aimait le Football parce que nos parents et nos grands parents aimaient le Football. Dans tout les cas, quand l'Angleterre remporte la Coupe du Monde 1966, et que George Best est surnommé le 5ème Beatle, le Football s'est libéré de beaucoup d'anciennes connotations, et aimer ce sport est devenu moins compliqué que d'aimer la musique pop. Beaucoup des enfants qui ont arrêté de voir les matchs dans les 80s, quand le Football était malade, sont revenu au milieu des 90s, quand il allait mieux à nouveau. (Je n'ai pas arrêté, même si j'aurai du, et ma persistance c'est ce qui m'a permit d'écrire ce livre).

Quand les jeunes ont arrêté de se taper dessus jusqu'à l'évanouissement - ou quand la Police a appris comment les en empêcher, enfin - tout le monde est revenu. Il n'y a rien de très compliqué à comprendre sociologiquement. Mais Fever Pitch a été publié juste au moment où le stade était plus sécurisé, avec une population plus familiale, amicale, avec des femmes, et du coup j'ai eu un crédit que je ne méritait pas, ou même des critiques que je ne méritaient pas. Plus tard j'ai reconnu les mêmes réflexions et débats dans d'autres pays, notamment les USA, un pays qui a ignoré Fever Pitch, pour des raisons évidentes. Partout, le sport professionnel a été monétisé et embourgeoisé. Les classes moyennes sont partout et se sont diversifiées maintenant, chacun avec un différent parcours, des gouts différents.

Donc quand Birmingham City marque à la 89ème minute le but vainqueur, j'ai ressentit  tout ces sentiments familiers de la défaite d'Arsenal - l'incrédulité, la nausée, la détermination de ne plus jamais me faire subir cette expérience si misérable - mais ce n'est pas que le Football qui a changé ces 20 dernières années. Beaucoup a changé chez moi aussi, et comme Fever Pitch est un mémoire, j'étais l'autre sujet du livre. Peu importe ces mystérieux joueurs sur le terrain - qui sont ces gens dans les tribunes avec moi? Quand j'ai écris ce livre, j'étais célibataire sans enfant; en 2011 j'étais à Wembley avec ma seconde femme et mes deux plus jeunes fils. Ils avaient 8 et 7 ans, ils ont grandit à quelques pas d'Highbury et de l'Emirates, et c'était leur toute première expérience de voir Arsenal à Wembley en finale de Coupe. Le plus jeune a pleuré, le plus vieux demandait à s'en aller.

Donc je me sentais malade à cause de ce but (plus maintenant, mais Koscielny aurait du mettre la balle en tribune), mais aussi pour eux, et coupable aussi, car, sans moi, et sans ma connexion avec Arsenal, ils n'auraient pas été là. De ce côté là, ma connexion avec Arsenal n'a pas été cassée. J'ai manqué moins de 20 matchs à domicile chaque saison ces 20 dernières années, et l'ambiance dans la maison est toujours affecté par les mauvais résultats. La tristesse est moins pénétrable, maintenant que je vie avec des personnes qui sont affecté aussi. Mais le Football est différent, le stade est différent, et les manques de mon enfance, de mon adolescence, ont maintenant été comblés - j'ai un boulot à plein temps, grâce à Fever Pitch, et une vie de famille riche mais compliquée.

Je ne pourrai écrire le même livre aujourd'hui, mais ce n'est pas pour dénigrer ce livre, c'est parce que cette incapacité c'est une perte aussi, pas seulement parce que j'ai murit. Cette personne que j'étais me manque, celle qui avait le temps et l'énergie pour tout ce stress et cette passion, et si je devais écrire aujourd'hui à propos de lui, je lui taperai dans le dos, lui disant qu'il deviendrait plus vieux, plus sage, et tout le principe de ce livre se perdrait. J'ai ressentit ces choses, comme beaucoup d'autres, des millions d'autres. Et même si ces millions ne reconnaissent plus beaucoup de chose du sport qu'ils ont connu, ou des stades, mes fils et des millions d'autres, garçons et filles, commencent un voyage qui leur apportera beaucoup de douleurs et, très occasionnellement, des moment de joie transcendantales. Je suppose que ça ne changera jamais.

jones79

Je viens de lire ce livre. Je me suis rendu compte l'auteur a que 3 ans en plus de moi. Nous avons quelque part vécu les mêmes matchs et les mêmes périodes de l'histoire d'Arsenal.Il pose la question pourquoi 20000 supporteurs allaient voir Arsenal n'importe quel le temps ou le match.Je pense tout simplement on avait une passion pour le club et au niveau prix le football était accessible à tout le monde.A lire absolument.   

TheMerse

Oui et le film n'est pas mal non plus

jones79

Je ne savais pas qu'il avait aussi un film.

TheMerse


Vince

C'est pas vraiment une adaptation du livre, pas du tout même. Mais c'est le même personnage plus ou moins, le même sujet, même si c'est avant tout une comédie romantique et l'histoire est écrite par Nick Hornby.

TheMerse

Citation de: Vince le 23-08-2016, 14:26:45
C'est pas vraiment une adaptation du livre, pas du tout même. Mais c'est le même personnage plus ou moins, le même sujet, même si c'est avant tout une comédie romantique et l'histoire est écrite par Nick Hornby.

AH ? je ne savais pas...je pensais que c'était l'adaptation du bouquin (que je n'ai pas encore lu)

Vince

Citation de: TheMerse le 23-08-2016, 14:32:14
Citation de: Vince le 23-08-2016, 14:26:45
C'est pas vraiment une adaptation du livre, pas du tout même. Mais c'est le même personnage plus ou moins, le même sujet, même si c'est avant tout une comédie romantique et l'histoire est écrite par Nick Hornby.

AH ? je ne savais pas...je pensais que c'était l'adaptation du bouquin (que je n'ai pas encore lu)

Non le livre c'est vraiment de l'enfance jusque l'âge adulte, pleins d'anecdotes concentré à 100% sur sa passion pour Arsenal. Le film se concentre un tout petit peu sur l'enfance du personnage (son premier match à Highbury), et l'âge adulte (quand il tombe amoureux). Cette histoire d'amour c'est le sujet principal du film, mais j'ai pas souvenir de l'avoir lu dans le livre.

TheArmoury

Le livre est pas vraiment adaptable tel quel, le film serait trop haché, des coupes partout !

Vince

CiterLa saison écoulée selon Nick Hornby



Arsenal a quitté Highbury pour l'Emirates en 2006 avec la promesse de grands succès. On attends toujours. Arsène Wenger, le manager d'Arsenal - si "manager" n'est pas un terme réducteur pour le rôle beaucoup plus large qu'il a à Arsenal - et Jeremy Corbyn, le leader l'opposition en Grande Bretagne ont été régulièrement comparé ces 2 dernières années.

Les deux sont fortement ancré dans le quartier d'Islington au Nord de Londres : Corbyn est le débuté de la circonscription d'Islington Nord; Wenger travaille là. Corbyn est un fan d'Arsenal, il a dit plusieurs fois qu'Arsène Wenger était l'homme de la situation pour le Club. (Wenger n'a toujours pas retourné le compliment, peut-être inquiet des conséquences de l'augmentation des impôts sur son salaire sous un gouvernement socialiste). Et les deux ont, finalement, réussit à survivre à leur poste malgré la pression; les deux approchent l'été dans une position bien plus sécurisés dans leur travail, après de modérés mais inattendus triomphes.

Cependant il y a une différence crucial entre les deux. Alors qu'il est possible que Corbyn puisse mener le partie travailliste à la victoire aux Elections Générales, très peu de fans d'Arsenal pensent que Wenger fera à nouveau remporter la Premier League à Arsenal, encore moins la Champion's League. Aussi, un processus démocratique peut déposséder Corbyn de son poste de leader, le même mécanisme n'existe pas à Arsenal. Arsène Wenger, il semblerait, sera au Club tant qu'il décidera d'y rester. C'est un homme aimable, et réfléchit, donc c'est difficile de l'imaginer tout faire pour éliminer les dissidents; mais on pourrait suspecter qu'il pourrait si il en avait l'intention. Pour comprendre son pouvoir, on peut penser Arsenal comme une république bananière en temps difficile et Wenger comme l'obstiné despote.

La saison dernière était, si on considère le classement en Premier League, la pire saison de Wenger en 21 ans. Il y a eu des protestations, des banderoles attachées à des avions qui survolaient les stades, occasionnellement des rixes entre supporters. L'ambiance à l'Emirates était souvent toxique. Je ne peux qu'offrir des anecdotes comme preuve; mais je parle a beaucoup de fans d'Arsenal chaque semaines, et il me semblait qu'il n'y a pas de vrai débat autour de l'avenir d'Arsène Wenger. Si il y a un schisme c'était entre ceux qui voulaient qu'il soit viré immédiatement, et ceux qui voulaient qu'on lui montre plus de gratitude et de respect, tout en considérant qu'il devait partir.

"Après tout ce qu'il a fait pour vous" disait un certain consultant - avec cet argument Sir Bobby Charlton serait toujours joueur de Man Utd chaque semaine. "Soyez prudent de ce que vous souhaitez" disait un autre, comme si l'herbe n'était pas plus verte à Chelsea, Spurs, Man City et Liverpool. Les fans d'Arsenal que je connais savent qu'il y a une chance d'échec sous un autre manager. Mais ils veulent que leur Club échouent d'une autre manière. (Au passage, cet échec peut être bien pire, comme manquer même la qualification pour l'Europa League).

Alors qu'il semblait que Wenger ne survivrait pas le mécontentement - même en cas de prolongation de contrat, cette saison s'est terminé avec 2 glorieuses et imprévisibles victoires à Wembley. Une équipe courageuse avec un peu de réussite a battu Man City en demi finale. Et une équipe diminué par les blessures et inférieure a battu Chelsea en finale, après avoir contrôlé le match pendant 89 min.

J'étais tellement sûr de vivre un après-midi misérable que j'étais d'accord pour retrouver des amis à l'extérieur du stade au cas où l'on concédait 3 buts, et je doute que l'on était le seul groupe à avoir eu en tête cette alternative. On en a pas cru nos yeux quand Granit Xhaka et Aaron Ramsey ont remporté la bataille du milieu de terrain. Per Mertesacker et Rob Holding ressemblaient derrière à Bobby Moore et Tony Adams. Mesut Özil enfin performant contre une équipe du top6.

J'ai vu Arsenal dans 12 finales de Coupe, mais je ne peux pas me rappeler d'une meilleure victoire, ou une victoire qui m'a procuré plus de joie. Chaque année, ces 4 dernières années, Wenger a permit que les fans rentrent heureux du dernier match de la saison - 3 victoires de FA Cups, et la saison dernière cette seconde place inattendu devant les Spurs - qui s'écroulent face à Newcastle à 10 et déjà relégué. C'est dingue comme on va passer un nouvel été à espérer que ça ira mieux. On a aperçu des signes de progrès à Wembley mais est-ce que ça peut se répéter chaque semaine ?

Ce qui est particulièrement perturbant à propos de cette saison, c'est que pour la première fois depuis l'arrivée à l'Emirates, l'équipe ne manque pas de qualité. Xhaka a été signé et renforçait notre milieu de terrain. Mustafi et Holding semblaient régler nos éternels problèmes défensifs. Pérez pouvait mettre la pression sur Giroud. Dans les £90m dépensés, seul Holding considéré comme un investissement sur l'avenir a été un succès indiscutable. Mustafi a passé une bonne partie de la saison blessé, Xhaka a bien finit la saison mais a passé une bonne partie de la saison suspendu, et Wenger a ignoré Pérez pendant la plus grande part de la saison.

Lors des deux derniers matchs à domicile, les fans ont finalement trouvé une cible pour leur frustration (ceux qui protestaient contre Wenger sont très minoritaire, et ne peuvent pas se faire entendre ailleurs qu'à l'extérieur du stade) : le propriétaire américain, Stan Kroenke. Cependant, à part le fait de ne pas avoir viré Wenger, c'est difficile de comprendre en quoi il est plus responsable des résultats que le manager. Il y a beaucoup d'argent qui a été dépensé sur le terrain, peu importe qui joue.

Les pires moments de la saison étaient les défaites 5-1 contre le Bayern Munich. Si Sutton Utd peut gêner Arsenal, pourquoi Arsenal ne peut pas au moins rendre les matchs plus compliqué aux géants européens? En plus de ça, cela n'aide pas que les fans paient des prix exorbitants pour voir leur équipe se faire éliminer par des géants d'Europe. Les rêves que l'on nous a vendu en quittant Highbury en 2006 - que l'on pourrait rivaliser avec le Bayern, le Barca, Madrid et le reste - restent toujours à l'horizon.

Jeremy Corbyn s'est montré populaire avec la jeune génération des électeurs car il leur a promit la fin de l'austérité. L'austérité à l'Emirates s'est terminé il y a quelques années, mais malgré les triomphes en Cup, il n'y a pas grand chose de mieux. La Reine dit à Alice : "La règle est la suivante, confiture demain et confiture hier... mais jamais de confiture aujourd'hui". Si Jeremy Corbyn et Arsène Wenger se rencontrait pour discuter, je ne serais pas surpris si ils discutaient de confiture.

Ben4

Assez d'accord avec lui.
Merci pour la traduction :up:
"My heart is tied to this football club-Arsenal is my life. This club has deep-seated roots and a tremendous heritage and it is my aim to uphold these important values and help create new history for future generations to recount.\" Arsène Wenger

Vince