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Arsène Wenger

Démarré par Vince, 12-02-2008, 19:59:36

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TheMerse


Vince

CiterArsène Wenger Interview

https://www.thetimes.co.uk/article/ars-ne-wenger-on-his-exit-from-arsenal-and-getting-to-know-his-great-rival-sir-alex-ferguson-9gll6jjdm



Robert Crampton le journaliste du Times retrouve Arsène Wenger dans un café rue Faidherbe à Paris. Leur première conversation est au sujet d'un match de charité dans lequel il a joué la veille. Est-ce qu'il a été bon ? "Oui j'ai été très bon. Je peux dire ça, car vous ne m'avez pas vu jouer. J'ai 70 ans. Je peux encore jouer au Football, donc c'est pas mal." Surtout que ses coéquipiers étaient notamment Laurent Blanc, Christian Karembeu et Bixente Lizarazu. Est-ce qu'ils ont gagné ? "Bien sûr, 4-1" Il a marqué ? "Non, j'ai joué en défense centrale". Plus tard lors de la séance photo il a montré qu'il savait encore manier le ballon lors d'une série de jongles.

Est-ce qu'il reviendra à l'Emirates ? "Un jour je reviendrai, oui. Mais j'ai pensé que c'était mieux de couper complètement. C'était difficile au début, bien sûr, après avoir dirigé mon Club autant que je l'ai fais. Mais j'ai pensé que ce serait mieux de le suivre à une certaine distance." Il regarde avec avidité chaque match. Tout les matchs d'ailleurs, même l'ennuyeuse victoire de l'Angleterre 1-0 contre l'Islande. "C'était mauvais. J'ai vu beaucoup de bons joueurs mal jouer pour l'Angleterre. Ils ont peur de jouer. Phil Foden est un joueur avec de grandes qualités, mais en ce moment il n'a pas encore réussit à s'imposer. Il ne joue pas assez à Man City. Il faut au moins 100 matchs pour connaitre son métier en Premier League."

Ils reviennent sur son départ d'Arsenal. Il assure n'avoir plus aucune connexion avec le Club, contrairement à Sir Alex Ferguson il n'a pas eu de place au sein du Board. Est-ce qu'on lui a fait cette proposition ? "Je ne sais pas. J'ai toujours dit que j'aimerai toujours jouer un rôle au Club, mais je peux comprendre qu'ils préfèrent prendre complètement leurs distances." Est-ce qu'il aurait accepté ? "J'aurais accepté, oui. Mais je ne demande rien. Je fais juste mon travail. Quand je suis quelque part, je fais de mon mieux. Je suis content d'avoir servit le Club, et de l'avoir laissé dans de bonnes mains, en bonne situation. J'ai fais le travail à 3 niveau : jouer avec style et gagner. Développer les joueurs. Développer le Club dans le monde. Le 3ème niveau est impossible à réussir de nos jours, ce n'est plus entre les mains des manager."

Même Jurgen Klopp avec Liverpool ? "Non, il est uniquement concentré sur son équipe. Il ne négocie pas les transfert, il n'a pas de stade à construire." A-t-il gardé contact avec ses collègues managers ? "Ces gens là sont très occupés, et je ne suis pas suffisamment proches d'eux ... à part ... Ferguson, oui." Est-ce qu'ils sont amis ? "On se respecte beaucoup maintenant." Beaucoup plus qu'à une autre époque. "On a connu une période où c'était très violent, très chaud. Mais une fois qu'on est plus en compétition, tout le monde devient un peu plus objectif. Il connait le vin bien mieux que moi. On a eu de belle batailles tout les deux. C'est un homme intelligent, on ne fait pas sa carrière si on est stupide." Il n'est pas non plus en contact avec Pep Guardiola, mais Wenger raconte "Quand Guardiola était joueur, il est venu chez moi pour demander de jouer pour Arsenal. A l'époque j'avais Vieira, Gilberto Silva, je ne pouvais pas le prendre".

Il vie principalement à Londres, mais a une résidence à Paris et Zurich (où il travaille dans son rôle à la FIFA), il reste un avide fan de Premier League. "Je suis tout les matchs anglais à la TV. C'est mon championnat. On a pas besoin de sortir des grandes écoles pour comprendre que le Bayern sera champion en Allemagne, la Juve en Italie et le PSG en France. En Angleterre, c'est encore le championnat le moins prévisible d'Europe, même si l'année dernière n'était pas bonne [avec Liverpool très rapidement largement devant tout le monde], et puis les Anglais ont du mal en Coupe d'Europe." En parlant du PSG, ils ne lui ont pas offert de poste ? "On m'a offert le poste plusieurs fois là-bas". Comme le Bayern, le Real, Barcelone, l'Equipe de France et la Juve. Et Man Utd ? "Oui aussi" Quand ? "Je ne vous le dirais pas".

A propos de son livre, l'a-t-il écrit lui-même ? "Oui. Avec de l'aide, mais je l'ai écrit. Ca fait des années qu'on me demande de le faire. C'était très difficile car je n'aime pas trop parler de moi. Ensuite c'était un peu comme si je disais que j'entraînerai plus, que c'était la fin de ma carrière. Et je n'aimais pas ça. Je ne veux pas prendre ma retraite. Puis je me suis dit, OK, faisons juste pour ma famille, pour qu'ils sachent ce que j'ai fais de ma vie." Entraînera-t-il de nouveau ? "Je ne suis pas sûr". De quoi est fait sa vie ? "Je fais du sport. Je visite ma famille et mes amis. Je prends des vacances. Je profite de la vie, de manière raisonnable, car je suis un peu trop habitué à 30-40 ans de discipline." Dans son livre on apprend qu'il se lève à 5h30 du matin, après 5-6 heures de sommeil, et fait 1h30 de gym, avec du cardio si possible. Pendant le confinement, il était dans son domicile de Totteridge et il courrait dans le Nord de Londres environ 8-10km par jour.

A propos de son enfance. "Je n'ai vu un entraineur de Football la première fois qu'à mes 19 ans. Donc c'est la surprise de ma vie que de faire toute ma carrière dans le Football." La religion avait aussi une place importante. "J'ai gardé une moralité religieuse. J'aime aller à l'Eglise. C'est un endroit où l'on peut méditer. Je regarde la Messe parfois à la TV, mais je ne peux pas dire que je sois un catholique pratiquant. Dieu a une force énorme : personne ne peut prouver qu'il n'existe pas, personne ne peut prouver qu'il existe. La religion a été crée par les Hommes. C'est une manière de rester heureux dans sa vie. Car Dieu pardonne les péchés, et on a la possibilité d'aller au paradis. Donc on peut se concentrer sur le présent."

A son arrivée à Arsenal, Wenger a instauré plus de rigueur en matière d'hygiène de vie. L'ironie c'est qu'à cette époque Wenger continuait en cachette une de ses habitudes. "Oui, j'ai longtemps fumé. Mon père fumait 40 cigarettes par jour. J'ai grandit dans un pub pleins de fumée. En France, fumer était normal." Pourtant il n'a commencé qu'à 34 ans. "Un ami était un grand fumeur. On s'asseyait pour discuter le soir, et j'en prenais une, ça a commencé comme ça. Quand je suis arrivé en Angleterre, je continuais de fumer, une ou deux, après manger, pas plus." Les joueurs étaient au courant ? "Je ne pense pas. Je n'ai jamais fumé avec l'équipe. Personne ne m'a vu fumer." Mais il a arrêté depuis longtemps "Ma fille se plaignait". Par contre il continue de boire "Le bon vin rouge, mais avec modération".

Parlons politique, un sujet qui le passionne. "Je suis un nouveau libéral de droite. Je suis pour la liberté mais certaines choses - comme la santé, la défense - doivent être contrôlé par le gouvernement. J'aime Macron.  Il est au centre. C'est très difficile de satisfaire les français, ils sont difficiles à gouverner. Je suis désolé pour Macron car il travaille dur." Il considère que les multiples engagements sociaux et la faramineuse bureaucratie rend le système ingérable. "C'est comme une famille. Tout va bien jusqu'à ce qu'on équilibre le budget. Quand il faut payer. Alors c'est plus OK. Avec la dette actuelle, on ne peut plus continuer comme ça. Car ce sera aux prochaines générations de payer. Et ce n'est pas juste." L'exemple allemand est celui qu'il faudrait suivre selon lui. "On se comporte en demandant toujours plus, plus, plus, sans s'occuper de savoir si on a les moyens. D'ailleurs c'est pareil en Football."

Et la politique britannique ? "J'adore l'Angleterre. Je suis désolé pour les anglais car j'ai bien peur qu'ils vont souffrir maintenant [suite au Brexit]. Vous êtes dans une très faibles situation pour négocier. L'Angleterre a fait un choix de la passion, de l'envie de souveraineté. Je peux le comprendre, mais malheureusement ce n'est pas une décision rationnelle. J'ai peur qu'ils le paient cher. L'Europe va forcément leur rendre la vie difficile car sinon tout le monde voudra partir. Ils n'ont pas d'autre choix. Je connais Barnier. Il l'a dit dès le premier jour que ce sera difficile pour l'Angleterre. L'ironie c'est que vous voulez la souveraineté mais tout les Clubs anglais son possédé par des étrangers."

Dans son livre il écrit qu'il a "tricoté son âme en rouge et blanc". Son départ d'Arsenal a été difficile, surtout la première année. "J'ai perdu mon frère et ma sœur en l'espace de 6 mois. Ma sœur avait Alzheimer, ça faisait 10 ans qu'elle n'allait pas bien. Mon frère est mort très brusquement." Il en a profité pour passer plus de temps avec sa fille. "Mais j'aurais respecté mon contrat. Le Club a pensé que c'était mieux que je parte. Je vivais avec l'idée que ça pourrait arriver un jour. Les supporters n'étaient plus content. En tout cas certains. Je peux le comprendre, après 22 ans, les gens veulent du changement". Le journaliste raconte que Tony Blair [premier ministre pendant 10 ans] avait déclaré qu'après vous avoir vu pendant 10 ans les gens sont malade de voir toujours votre tête. "Ah" blague Wenger, "je leur ai infligé 12 ans de punition supplémentaire?".

Est-ce qu'il pense être resté trop longtemps ? "Quand j'écoute cette question, ça me fait penser que oui. C'est en tout cas le consensus j'ai l'impression ? Peut-être que je suis resté trop longtemps. Je ne sais pas. Mais j'étais motivé comme au premier jour. Je pense avoir guidé le Club pendant la période la plus difficile, de manière très réussie. Après au bout d'un moment les gens vous jugent trop vieux, sans même regardez votre travail. J'ai servit le Club du mieux que j'ai pu." En sacrifiant tout le reste. "J'ai repoussé tout le monde autour de moi. Je ne voyais plus la beauté, ou le plaisir ou la relaxation" il écrit dans son livre. Il n'a été père qu'à l'âge de 48 ans. "Je pense que c'est un métier pour les célibataires. Moi j'ai toujours chérit ma liberté. J'ai eu des copines, mais ma priorité a toujours été le Football. J'aimais l'idée de pouvoir prendre mes bagages et aller n'importe où dans le monde le lendemain. A Cannes, je vivais sur la baie de Villefranche; alors qu'au Japon, j'avais une vue sur un mur. Mais je me disais qu'après une victoire, la vue était pas mal et j'étais content. Si le bonheur c'est d'aimer la vie qu'on vie, alors je peux dire que j'ai été heureux, et je le suis toujours."

Lorsque ses joueurs dépassait dépassaient les limites, il disait ne pas avoir vu ce qui s'était passé. Il admet maintenant "parfois je mentais. Je suis un mauvais perdant, oui. Si vous êtes un bon perdant, vous ne durerez pas longtemps dans ce métier. C'est comme ça depuis ma naissance. Encore aujourd'hui. Si je joue aux cartes, je veux gagner. Vous savez ce qu'on dit ? Les femmes peuvent tuer par amour, les hommes peuvent tuer car ils détestent perdre".

Ils abordent l'actualité d'Arsenal, et le travail de son ancien joueur Mikel Arteta. "Il a bien mis sa patte sur l'équipe. Ils ont bien fini la saison dernière, même si c'était une mauvaise saison en Premier League. 56 points vous imaginez ?" Et concernant l'avenir du Football avec le coronavirus ... "Dès que ce sera terminé, le Football sera de nouveau fou. Mais j'ai peur que les Clubs de divisions inférieurs souffrent si les Clubs de l'élite n'aident pas. Sans les fans, le Football perd son charme. On prend les fans pour acquis, mais c'est la seule chose qui n'a pas changé dans le Football. Les joueurs, le Foot, les Club, les stades changent, mais les fans sont les mêmes. Quand on arrivais à Highbury par Avenell Roard, on sortais du bus et on était entouré de fans. A l'Emirates, on arrivait dans le parking avec toute la sécurité, c'est plus pareil."

Highbury a été transformé en appartements, Wenger a sérieusement considéré en acheter un. "Je conduis parfois à Highbury, l'entrée est toujours là, c'est protégé." Et qu'est-ce qu'il ressent ? "De la nostalgie. On a passé de bons moments là-bas".

(Times)

we are the Arsenal !

Merci pour la trad :up:

TheMerse

Quelle forme il a n'empêche !  :strong:

Vince

C'est dingue, 70 ans le pépère

Lba


jones79

Très bel article. Le livre My life in red and white doit être vraiment intéressant.

we are the Arsenal !

J'espère qu'il nous racontera les coulisses, parce que le nombre de fois qu'il nous a sorti sa petite phrase, "je pourrais écrire un livre..."

Vince

Citation de: Lba le 03-10-2020, 09:51:50Il a aussi donné une interview pour l'Equipe : https://www.lequipe.fr/Football/Article/Arsene-wenger-l-amour-pour-le-club-n-a-pas-disparu/1178888

Quelqu'un aurait un abonnement et pourrait nous faire partager cet interview ?  :respect:

TheMerse

Citation de: Vince le 03-10-2020, 16:46:32
Citation de: Lba le 03-10-2020, 09:51:50Il a aussi donné une interview pour l'Equipe : https://www.lequipe.fr/Football/Article/Arsene-wenger-l-amour-pour-le-club-n-a-pas-disparu/1178888

Quelqu'un aurait un abonnement et pourrait nous faire partager cet interview ?  :respect:
Si c'est le journal du jour, je devrais l'avoir demain  :guinness:

Vince

03-10-2020, 17:31:33 #14830 Dernière édition: 03-10-2020, 17:34:41 par Vince
Cliquez sur l'image pour la voir en plus grand






darren

« on réussit dans la vie en faisant bien ce qu'on sait faire. On a pas toutes les qualités, mais il faut exprimer celles qu'on a  »
« Personne n'a assez de talent pour se contenter de vivre avec ce seul talent. Sans travail, vous n'allez nulle part. »
ARSENE WENGER

joebar62


gunners_dz

Merci !!!!  :love:  :love:  :love:
Vivement la sortie de son livre.

Vince

10-10-2020, 15:41:34 #14834 Dernière édition: 10-10-2020, 15:43:13 par Vince
CiterWenger Interview



Pour Der Spiegle, quelques extraits :

Le Bayern Munich ..

[Vous dites dans votre livre regarder 3 matchs par jour, lequel vous a passionné dernièrement ?] La finale de Champion's League, car je m'attendais à voir le Bayern souffrir plus. Surtout en seconde mi temps.
[Est-ce que cette équipe du Bayern vous fait penser à celle de vos meilleures années à Arsenal, qui gagne en jouant un beau Football ?] Le beau Football c'est quelque chose dont tout les grands Clubs aspirent. Ils ont la responsabilité de transformer ce sport en art. Mais ça peut être l'art du combat. Mais je ne veux pas dire qu'ils préfèrent l'art du combat au beau Football.
[Est-ce que c'est la meilleure équipe en Europe de ces dernières années ?] Non, ce n'est même pas la meilleure équipe du Bayern de ces dernières années. Celle qui a remporté le triplé en 2013 était meilleure. Lahm, Ribery, Robben, Schweinsteiger, Kroos, ils avaient de grands joueurs à tout les postes. Je ne veux pas minimiser leurs succès. C'est actuellement la meilleure équipe d'Europe. Mais c'est aussi parce qu'il n'y a pas d'autres grande équipe en Europe. Le Barca et le Real sont faibles actuellement. Cette équipe peut encore se développer, peut-être qu'elle atteindra le niveau de celle de 2013, mais ils en sont pas loin déjà.

Serge Gnabry ..

Il est allé à Breme, pour aller plus tard au Bayern, ça a réduit le cout du transfert. Car Breme au début a offert une somme ridiculement basse, finalement on a reçu beaucoup plus. Mais j'ai eu des contact au Bayern qui m'ont confirmé que le Club était derrière ce transfert. Ils avaient déjà un accord financier avec Breme. [Après être partit à Breme pour 5M€, l'année suivante il signe au Bayern pour 8M€] On est impuissant contre ce genre de deal. Dans ce cas, Gnabry est un énorme talent, créatif, il peut dribbler, il va vite, il peut tirer avec son pied droit ou gauche, il n'a pas de limite.

L'évolution du Football ..

Les joueurs ont perdu en qualité technique ces 10 dernières années. L'aspect athlétique a pris beaucoup plus d'importance que la technique et la prise de décision. On juge plus les joueurs en fonction de leurs caractéristiques physiques et leur intensité, leur explosivité. Et aussi il y a l'aspect showman qui donne de la valeur.

L'exemple Özil ..

Il n'a jamais été celui avec la plus grande discipline sur le terrain, dès que l'équipe n'a pas le ballon ce n'était pas son fort. Mais c'est gérable dans une équipe équilibrée avec des joueurs à vocation défensive. Le plus important c'est de trouver le bon équilibre entre l'attaque et la défense. [Que ce soit Özil, Messi, Fabregas ou Bergkamp] Ce n'est pas une coincidence si ils sont si calme avec le ballon. Ils prennent beaucoup plus d'informations que les autres, et donc tout leurs choix sont délibérés. Leur décision est prise avant même que le ballon n'arrive à eux. Ceux qui voient juste vous font gagner.

Erling Haaland ..

Haaland marque tellement de buts car c'est exactement ce qu'il veut, il n'y a pas de coincidence, c'est un vrai compétiteur. On voit sa détermination, sa profonde motivation. Ca doit être intéressant pour Lucien Favre de travailler avec lui, car il a un gros potentiel. Et je pense que Favre peut l'aider à se développer.

Vince

11-10-2020, 17:48:46 #14835 Dernière édition: 11-10-2020, 18:05:33 par Vince
Citation de: undefinedArsène Wenger Q&A

https://www.theguardian.com/football/2020/oct/11/arsene-wenger-arsenal-manager-football

"Parfois j'ai peur de n'avoir fait que du Football dans ma vie. Donc quand je m'imagine parler à Dieu [après sa mort], c'est un peu prétentieux. Si Dieu existe vraiment, on s'imagine un test pour savoir si vous devez aller en Enfer ou au Paradis, ça semble ridicule pour quelqu'un qui a dédié sa vie à gagner des match de Foot. Voilà comment m'est venu l'idée de cette conversation. J'ai parfois l'impression d'avoir mené une vie insignifiante pour avoir dédié ma vie à ça."

Il décrit plusieurs fois sa carrière à Arsenal comme "un combat à la vie à la mort" qu'est-ce que ça signifie ? "Je dirais que le Football au plus haut niveau c'est comme ça. Car si c'est pas un sujet de vie ou de mort, ça ne représente pas suffisamment pour vous pour que vous surviviez assez longtemps dans ce métier."

Un combat notamment contre Mourinho, qui n'est pas mentionné une seule fois dans son livre. "Je ne voulais pas que ce soit un livre de revanche ou sur la frustration ou l'injustice. Je ne voulais pas écrire "il m'a fait ça", etc ... Mais vous savez ce qui s'est passé dans votre vie, et vous devez passer au-dessus de ça. Je voulais montrer une expérience positive de vie. On ne peut pas avoir la vie que j'ai eu et être négatif."

A propos d'Arsenal et de son obsession du jeu, qui a crée sa légende et qui a peut-être causé sa perte. "Arsenal avait un style de jeu, qui était critiqué mais au moins il y avait une identité de jeu. Je peux comprendre les gens qui ne veulent que la victoire, mais il faut avoir avoir l'envie de transformer l'expression collective en art. Quand les supporters se lèvent le matin du match, il doit se dire "peut-être que je vivrais une expérience fantastique aujourd'hui", il veut gagner mais il veut aussi voir quelque chose de beau."



Question de Mark Strong, acteur (voir photo)
Après avoir entrainé Arsenal pendant 22 ans, quelle est la chose la plus importante que vous avez appris ?
Quel conseil donneriez vous au jeune manager que vous étiez à vos début ?


Ce que j'ai appris c'est que la façon dont on se comporte crée une énorme popularité dans le monde. Ca m'a fait réaliser qu'en sport, en Football en particulier, les valeurs que l'on a ont un impact dans le monde. Ce n'était pas simplement une question de gagner, on a créé à Arsenal une image qui était celle des succès, mais plus que ça aussi. Les gens respectaient le Club pour ses valeurs et son identité.

Et pour la seconde question, quel conseil je me donnerai ? Fais mieux ! Fais mieux que ce que j'ai fais.

Question de Diane Abbott, femme politique (travailliste)
Qu'est-ce qui vous motivais ?
La peur de perdre, la joie de gagner, ou la beauté du jeu en lui-même ?


Les 3 je dirais. Mais je dois dire que j'ai une motivation intrinsèque qui me pousse à chercher à progresser. Et aussi j'ai le sentiment que je suis au service de quelque chose de plus grand que moi. Après, bien sûr, il y a un mélange de détestation de la défaite et de volonté de gagner. Je dirais que la détestation de la défaite c'est ce qui domine. Les défaites créent des cicatrices au cœur. Un jour, si quelqu'un m'ouvre le cœur, il y verra chaque défaite.


Michael Rosen, Auteur
Vous pensez pas que être impliqué au Football à votre niveau vous enseigne une forme de philosophie ?


Oui, je dirais que sans une forme de philosophie, vous ne pouvez pas travailler à ce niveau. Vous êtes un guide. Et le guide doit savoir d'abord où il va, non ? C'est pourquoi c'est important d'avoir une idée claire de ce qu'on veut des gens, et pouvoir le partager clairement avec ses joueurs. Pourquoi les joueurs écouterait quelqu'un plus qu'un autre ? Je ne sais pas. Mais il faut une philosophie claire, car ça permet une constance dans le message aussi. Il faut savoir pourquoi je suis là ? Pourquoi je fais ça ? Ca vous donne de la force dans la difficulté.


Courtney Freckleton aka Nines, Rapper
Beaucoup d'artistes comme moi ont commencé à supporter Arsenal grâce au style de jeu et aussi parce qu'il y avait beaucoup de joueurs noirs. Vous étiez conscient à l'époque que vous rendiez la fan base d'Arsenal plus diverse et que vous avez influencé une génération ?

Je voulais montrer au monde que, oui, le plus important c'est que vous soyez bon. Il faut s'élever au-dessus de tout les problèmes. Je dis toujours que le sport c'est le meilleur exemple de la méritocratie. C'est uniquement basé sur le mérite, les compétence. Donc je suis heureux d'y avoir contribué si c'est le cas. Dans ma vie, j'ai toujours considéré la qualité et le comportement; la couleur de peau je m'en fichais.


Patrick Marber, dramaturge
Quelle pièce de théâtre, ou comédie musicale, a été la plus importante pour vous ?

Je dois avouer que je n'ai jamais été au théâtre. Et je ne suis pas du tout un spécialiste du musique. J'aime la musique, mais ma vie était totalement dévouée au sport. J'ai un peu honte. Mais après 20 ans quand mes amis sont venu chez moi, ils m'ont demandé "On doit visiter quoi à Londres ?" je leur répondais "je ne connais que le centre d'entrainement et le stade". Je ne connais pas beaucoup Londres. C'est une boite que je n'ai jamais ouverte. Le soir, je regarde des matchs.



José Mourinho, entraineur.
J'ai eu l'opportunité de vous connaitre aux réunions de l'UEFA et FIFA et aux diners. Avec votre vision et votre culture, je pense que vous feriez un bon dirigeant de Club ou un CEO ou un Director of Football. Est-ce que vous auriez considéré ce rôle à Arsenal ? Ou alors uniquement entraineur ?

Non, j'aurais considéré une offre pour rentrer au Board d'Arsenal, en tant que conseiller. Je trouve qu'il y a un déficite de connaissance en matière de Football dans les directions de grands Clubs, ou de grandes compétitions, ou dans les instances. On a vu qu'il y a pleins de façon de réussir dans le Football. Par exemple le Bayern, où les succès et la continuité dépendent de gens qui connaissent les valeurs du Club, et les transfèrent d'une génération à l'autre : Beckenbauer, Hoeness, Rummenigge. Sinon il y a des modèles en Angleterre avec des fortes dépenses qui permettent des succès rapides. Les deux fonctionnent. Je préfère qu'un Club ait une identité, des connaissances, et qu'ils les transmettent aux joueurs génération après génération.

Simon Armitage, poète
Verra-t-on un jour les hommes et les femmes jouer ensemble dans une équipe Premier League ?

La tendance de ces 10 dernières années, c'est principalement plus axée sur le physique, en Premier League comme dans le Football en général. Donc il faudrait des femmes avec un exceptionnel potentiel physique. Une coureuse de 100m avec une technique exceptionnelle ? Pourquoi pas. Je ne l'exclue pas, mais vraiment exceptionnelle, pas moyenne.




Paul Gilroy, sociologue.
Comment votre immersion dans la vie japonaise a altéré votre compréhension du sport et d'esthétique ?


C'a ma été bénéfique car ça m'a rendu plus ouvert. N'oublions pas que je viens d'Alsace, j'ai travaillé à Monaco, c'est pas le même environnement, pas le même pays comparé à l'Alsace. Ensuite je suis allé au Japon, puis l'Angleterre, ce qui est très différent. Ces genres d'expériences vous rendent plus tolérant, plus à même de comprendre les autres et réaliser que, à la fin, la culture de chaque pays consiste à des réflexes que l'on a appris dès l'enfance. Pour rencontrer l'autre, il faut sortir de soi-même, essayer d'aller vers l'autre. Ca fait partie du travail de manager. C'est ce que j'ai essayé au Japon, j'ai essayé d'apprendre la langue. J'avais un assistant japonais qui m'expliquait comment me comporter. Et c'était une expérience très excitante et intéressante. J'ai presque décidé que je ne retournerais plus en Europe, sauf pour un gros poste.


Jazzie B. , Musicien
En tant qu'étranger, comment vous comparez la vie à Londres et la vie au Japon ?


Quand je suis partit du Japon pour l'Angleterre, je me sentais plus chez moi, car le Japon est un pays tellement différent. Même si j'appréciais certains aspects, on est plus proche culturellement de l'Angleterre. Je dis toujours aux joueurs, quand ils vont à l'étranger, bien sûr il faut se faire accepter, mais aussi il faut qu'ils se disent "si je suis ici, c'est pour apporter quelque chose en plus à ces gens". Donc je conseille le fait de travailler à l'étranger, car ça développe la rigueur, l'exigence. Je considérais que je devais faire plus.


Jeremy Deller, Artiste
Quel est le dernier livre sans rapport au Football que vous avez lui ?

En ce moment je termine Sapiens [par Yuval Noah Harari]. J'essaie de lire tout ce qui m'aide à comprendre l'humain. Et comment la société marche, comment la démocratie évolue. Car il me semble que le monde est un peu en danger actuellement. Avec la FIFA, on est confronté à ça. En Angleterre notamment, on est confronté à beaucoup de problèmes politiques




Asif Kapadia, Réalisateur
Quel est votre film préféré ?

Peut-être Midnight Express, car j'ai fait une étude dessus, et la relation entre l'Amérique et la Turquie, lorsque j'étais étudiant. Récemment, j'ai vu Bohemian Rhapsody et Rocketman, sur Elton John, car je le connais un peu. Mais faudrait que je réfléchisse plus pour vous donner une réponse, peut-être les films de Visconti.





Philippe Sands, avocat.
Comment la relation du Football avec le racisme et le nationalisme a évoluée ?


J'ai toujours sentit que le Football pouvait être en avance et montrer l'exemple au monde. Car en Football, il n'y a pas besoin du langage pour communiquer, on partage des émotions dans le jeu. Et c'est pour ça qu'on arrive à faire une équipe avec des joueurs de différents pays, ça montre qu'on peut réussir ensemble malgré les différences. Donc de ce côté là, le Football est en avance sur la société de demain par exemple. Je n'ai jamais sentit le nationalisme. J'aime mon pays, je respecte mon pays, mais je n'ai jamais considéré que parce que je viens de ce pays je vais être supérieur aux personnes des autres pays.



Jeremy Corbyn, Homme politique.
J'ai toujours sentit que votre philosophie en tant que manager reflétais l'éthique de la communauté locale. Comment rester fidèle à ces principes quand ça devient trop difficile dans le monde du Football ?


Ce qu'on sait c'est qu'un amoureux du Football aime généralement sa sélection, ils aiment les grands Clubs, et supportent le Club où ils ont grandit, leur Club local. Arsenal a l'avantage d'être un grand Club et un Club local, il faut continuer de cultiver cet esprit local. La chance que j'avais c'est qu'en construisant l'Emirates si proche d'Highbury, on a pu garder cette fanbase. Pour la plus part des Clubs, le soutient local se réduit, surtout dans les divisions inférieures. Donc sur 92 Clubs aujourd'hui, on a 20 Clubs de Premier League, et sur les 72 autre il y en a 65 qui sont en perte de moyens car le soutien local diminue.


Spike Lee, réalisateur.
Dear Sir, est-ce que le plus grand joueur d'Arsenal de tout les temps, Thierry Henry, a eu une juste chance d'être le leader des Gunners pour nous faire retrouver les jours de gloires ? Merci et Dieu vous bénisse, Spike.


J'aurais bien aimé. J'espère que Thierry Henry réussira dans sa carrière de manager, et si c'est le cas il pourrait un jour revenir à Arsenal. Mais j'espère surtout qu'on remportera un titre avant que ça arrive. Par exemple, maintenant on a Mikel Arteta aux commandes, pourquoi n'en serait-il pas capable ? Un Club c'est son identité. L'identité ce sont des valeurs, et les valeurs sont transmises par des hommes qui les partagent. Donc c'est important de garder une continuité de ce côté là.

Ken Loach, réalisateur.
Beaucoup comme moi déplore les inégalités dans le Football, où les revenus des Clubs de Premier League de plusieurs millions sont en décalage avec la lutte pour la survie de nombreux Clubs semi-professionnels. A l'image de ce qui se passe dans les industries et services, où le système économique produit beaucoup de richesse pour une minorité et la pauvreté pour beaucoup. Comment les supporters, joueurs et managers peuvent se rassembler pour changer les choses ?


J'ai rencontré Ken Loach dans un train à Paris une fois, et on a eu une petite discussions sur les films, et oui, il parle beaucoup de la lutte des classe. Dans la vie, il y a des gens qui ont de la chance et d'autres qui n'en ont pas. Le Football ne peut pas changer ce problème qui existe actuellement - la différence grandissante entre les plus riche et les plus pauvre et le manque d'aide aux plus pauvres. On ne peut pas laisser les petits Clubs mourir, et toujours vouloir une élite. Et je crois que certains Clubs vont mourir si on ne les aide pas. On va quelque part, on voit un terrain de Football entouré de maison, on se dit qu'il y a de la vie ici. Sans terrain de Foot, il n'y a pas de vie. On a tous joué au Football dans différents niveau, mais le Football fait partie d'une communauté, d'une société. Ca fait rêver les gens, et il faut maintenir ça dans les communautés.

Adrian Dunbar, Acteur
Qu'est-ce que vous avez ressentit quand vous avez vu Manu Petit marquer le but en finale de Coupe du Monde 1998 ?


J'étais content, d'abord car c'était une victoire de mon pays. Et ensuite car c'était Manu Petit, qui n'avait plus joué pendant longtemps pour la sélection. Aimé Jacquet, un homme très intelligent, m'a écouté quand je lui ai dit : "Prend le, tu ne seras pas déçu". Pour moi, Petit était l'homme de la Coupe du Monde 1998, et c'était un beau cadeau pour lui, et Patrick Vieira, ils ont remporté le doublé avec Arsenal puis la Coupe du Monde. Donc j'étais extrêmement heureux ce soir là.


Saffron Burrows, Actrice
Quels sentiments prédominent quand vous quittez le travail de votre vie à Arsenal ?


C'était la fin d'une histoire d'amour. Et on ne peut plus parlé à l'être aimé, on ne peut plus aller au centre d'entrainement, ou au stade. Et je n'ai jamais vécu ça avant dans ma vie. On fait 22 ans et ça s'arrête, c'était très difficile. Je voulais couper les liens complètement avec le Club, car c'est ce que voulais le Club aussi. Donc j'ai décidé de ne pas revenir. Mais je supporte toujours Arsenal avec la même passion. On travaille dur, on fait de son mieux. Et après ça on ne pleure pas, on ne se plaint pas, on souffre en silence et c'est tout !

(Guardian)

Vince

11-10-2020, 23:33:42 #14836 Dernière édition: 11-10-2020, 23:38:47 par Vince
Citation de: undefinedArsène Wenger Q&A



https://www.theguardian.com/football/2020/oct/11/arsene-wenger-arsenal-manager-football

Questions des lecteurs

Andrew Gogarty, Londres : Dans quel langage vous préférez lire ?

Français. Je parle bien Anglais et Allemand aussi, et Français aussi ! Je peux comprendre l'italien, l'espagnol et un peu de japonais, mais je les parle moins bien. Si je vais vivre làbas j'arriverai quand même à me débrouiller.

Stephen, France : Quel conseil donneriez vous à Mikel Arteta ?

De continuer d'avoir sa poigne sur l'équipe, comme c'est le cas actuellement. Et de suivre ses convictions. Je trouve qu'il y a un bon esprit d'équipe, ils ont de bonnes chances de bien figurer. Je pense que ça ne sera pas compliqué de faire mieux que la saison dernière en terme de points. Mais je suis convaincu qu'Arsenal peut finir dans le top4, si ce n'est plus. Pourquoi pas ? Ils peuvent surprende cette année, ils ont bien recruté, ils ont renforcé la défense aussi. Et ils ont gardé les joueurs qui étaient déjà présent. Dans ma dernière saison, j'ai signé Aubameyang, ils l'ont gardé. Ils ont tout les ingrédients et pas vraiment de faiblesse.

Anthony Thomas, Oxford : Êtes vous tenté de vous servir des réseaux sociaux ?

Non car je veux rester immunisé par rapport à ça. Je préfère me concentrer sur l'essentiel, et les réseaux sociaux c'est surtout intéressant quand on veut apprendre. Quand j'étais enfant, il fallait se battre pour trouver une information. Et quand on y arrivait à la bibliothèque on était très content. Maintenant on a trop d'informations. Donc c'est plus un travail de sélection de la bonne information. Je ne suis pas contre les réseaux sociaux, mais c'est un peu une perte de temps. Et puis c'est un peu trop excessif, c'est noir ou blanc, et la vie c'est un peu plus compliqué que ça.

Samrat, Inde : Est-ce que les critiques, notamment vers la fin de votre carrière à Arsenal, vous ont affecté ?

Il faut analyser ce qui est justifié ou pas. J'ai été bien sûr affecté par les critiques. Car personne n'est immunisé contre ça, surtout quand on sait qu'on fait de notre mieux. Les critiques ont commencé surtout en 2016, quand on a fini second du championnat, car on a pas été champions. Aujourd'hui si Arsenal termine second, ce serait un énorme succès. Mais Leicester avait remporté le titre, et tout le monde était responsable. Alors qu'ils avaient une superbe équipe, ils n'ont perdu que 3 matchs (2 contre Arsenal). Mais c'est comme ça quand on est longtemps quelque part.

Gavin Stamp, Kingston Upon Thames : Avez-vous été approché pour devenir sélectionneur de l'Angleterre ?

Beaucoup de fois A chaque fois j'ai refusé pour deux raisons. D'abord je considère que ça doit être le travail d'un anglais. Ensuite, parce que j'étais heureux où j'étais, dans un Club où j'adorais ce que je faisais. Le Bayern, la Juve, Barcelone ... beaucoup de Clubs m'ont approché. Aujourd'hui je suis fier de la vie que j'ai mené. J'ai servi ce Club dans une période délicate quand on devait rembourser le stade. Ce n'était pas juste une question de gagner le titre, mais guider le Club dans une période très sensible, et s'en sortir en bonne situation. J'ai essayé. Après les gens disent que je suis resté trop longtemps. Peut-être [rires], mais c'est pas comme ça que je le sentais !

Nabhas, Inde : Êtes vous un socialiste ?

Tout dépend ce qu'on appelle socialiste ? Pour moi, un socialiste c'est quelqu'un qui fait confiance à la collectivité pour régler les problèmes de la société. D'abord il faut un environnement collectif qui favorise l'expression de l'individu.  Ensuite, c'est à l'individu de prendre l'initiative pour faire le maximum de sa vie. Mais la dominante pour moi c'est l'environnement collectif.

Matt, Highbury : Est-ce que votre passion pour le beau jeu a pu rendre l'équipe moins en réussite en terme de titre ?

Je trouve que le Football est maintenant dans une tendance axée sur l'organisation défensive, car les scientifiques ont pris le dessus et les qualités physiques des joueurs ont augmentés. Mais à un moment donné dans le sport, il faut récompenser ceux qui prennent l'initiative. Sinon on va très rapidement tous s'ennuyer.

Dan Graham, Melbourne : En arrivant en Angleterre vous avez amené une nouvelle approche dans la diététique, le bien-être, la psychologie, des choses qui sont devenu la norme dans le sport de haut niveau. Quel pourrait être la prochaine révolution ?

Ce sera la neuroscience. Car on arrive au bout de l'amélioration de la vitesse physique. La prochaine c'est la vitesse de prise de décision. La rapidité d'execution, la vitesse de coordination, et c'est là que la neuroscience rentre en jeu. Ces 10 dernières années, la puissance et la vitesse des joueurs a progressé, mais on se retrouve avec des sprinters partout. Donc certainement qu'on cherchera l'amélioration de la vitesse du cerveau.

Jasmine Baba, London: What do you think of Tottenham?


Hostilité, non, compétition, oui. C'était vital à Arsenal de battre Tottenham par respect pour le Club. La compétition est importante, tant que ça devient pas de la folie. Quand on devait jouer Tottenham, pendant la semaine tout le monde était un peu plus nerveux que d'habitude.

Ross Hamilton, Quel joueur vous regrettez de ne pas avoir signé alors que vous en avez eu l'opportunité ?

Aie ! Je dirais pas un joueur, au moins 50 ! D'un autre côté, on a été très proche de signer Cristiano Ronaldo quand il a signé à Man Utd. On avait trouvé un accord avec le Sporting et Man Utd qui a pris Carlos Queiroz comme adjoint, ils ont rapidement signé Ronaldo. Alors qu'on avait un accord. Il avait eu un maillot d'Arsenal, j'ai déjeuné avec lui et sa maman au centre d'entraînement ! C'est un des nombreux exemples. L'histoire d'un grand Club est faites de grands joueurs manqués !

Si c'était possible de revenir dans le temps, qu'est-ce que vous changeriez dans la finale de 2006 ?

Pff ... Je me suis posé cette question tellement de fois. Peut-être jouer dans une défense à 4 dans les 13 dernières minutes, alors que l'on était mené 2-1. Mais le regret que j'ai dans la Champion's League cette année là, c'est qu'on a battu le Real Madrid de Zidane et Ronaldo, on a battu la Juve d'Ibrahimovic, Trezeguet, Vieira. Et on va jusqu'en final sans avoir concédé de but en phase éliminatoire contre ces équipes là. Quand on se retrouve à 10, on sait que les 20 dernières minutes seront compliquées, surtout contre Barcelone. On avait l'occasion de marquer le second but à deux reprises et on l'a manqué. Donc des sentiments mitigés. Chaque défaite se rejoue dans ma tête. Il ne faut pas penser à ce qu'on aurait dû faire, mais ce qu'on aurait pu faire.

Matthew Chong, Chine : Après toutes les controverse liées aux attribution de la Coupe du Monde, comment redonner la confiance aux fans en la FIFA ?

En étant transparent. La FIFA doit être totalement ouverte, leurs comptes doivent être publiés. La FIFA n'appartient pas aux gens qui dirigent la FIFA, elle appartient aux amoureux du Football. Je pense que la FIFA a une mission d'éducation, et j'en suis responsable, pour toucher les gens du monde entier. En ce moment, le Football est bien organisé en Europe, mais pas dans le reste du Monde. Le monde entier mérite cette chance, et on doit être guidé par cette idée à la FIFA.

Gary McAreavey, Irlande : On est en Automne, plutôt col roulé ou cardigan ?

Col roulé car j'aime me balader dans la nature, passer du temps dans la forêt avec les arbres, et j'aime la liberté de mouvement.

(Guardian)

Vince

13-10-2020, 15:25:27 #14837 Dernière édition: 13-10-2020, 15:28:46 par Vince
CiterArsène Wenger Q&A



https://www.bbc.com/sport/football/54513321

PASSÉ

Qu'est-ce que signifie Arsenal pour vous ?

L'amour de ma vie. J'ai donné 22 ans de ma vie au Club. J'ai construit le centre d'entrainement et l'Emirates Stadium. J'ai beaucoup sué pour que ce stade soit remboursé et pour qu'on y crée un environnement et des infrastructures qui permettront au Club de réussir et d'investir à l'avenir. Et je pense que le Club est sur la bonne voie. Je suis un peu comme la gars qui vient de divorcer et qui n'a plus eu de contact avec ses enfants, mais il les aime toujours.

Est-ce que l'accord de prêt pour l'Emirates était une erreur, avec le recul ?

[Une banque était d'accord pour prêter £260m à Arsenal pour construire l'Emirates Stadium, avec comme clause dans le contrat que Wenger reste au moins 5 ans] J'ai accepté car je considérais ça comme un challenge. Les premières 10 années c'était une question de jouer le titre, mais les 10 années suivantes étaient plus difficiles. On a quand même joué un Football exceptionnel, on était en position parfois de finir champion, mais on avait une équipe bien plus jeune. Je suis presque plus fier de la seconde moitié de ma carrière que la première, car les 10 premières années c'était simple. La seconde moitié a testé ma résilience. Je suis très fier d'avoir servit le Club pendant une période si délicate.

Toujours pas revenu dans ce stade depuis Mai 2018 ..

J'ai choisis de garder totalement mes distances. Mais juste physiquement, pas émotionnellement. C'est important que je ne fasse pas d'ombre. On aurait l'impression que j'essaie d'influencer les choses en interne. J'ai pensé que la meilleure chose à faire c'est de prendre mes distances.

Blessé par les manifestations dans la dernière années ?

Je ne pense pas qu'il faut donner trop d'importance à ce que les fans disent dans le feu de l'action - les réactions d'un fan sont basé sur les émotions. Avec le recul on voit qu'une minorité à dicté le comportement de la majorité. Ils ont décidé de ce qui devait se dire, à partir du moment où 50 personnes sur les réseaux sociaux sont négatifs, ça attire beaucoup plus l'attention que les 60.000 dans le stade. Ca ne veut pas dire que tout le monde doit penser comme eux. Quand on regarde les 3 dernières années, en 2016 on termine second - OK, derrière Leicester mais tout les autres Clubs ont finit derrière Leicester aussi, ils n'avaient perdu que 3 matchs. En 2017, c'était la première fois que l'on ne se qualifiait pas pour la Champion's League depuis 1997. Donc oui, j'aurais souhaité maintenir cette série, mais je pense que cette année on a de bonnes chances de revenir dans le top4.

Sa relation avec Sir Alex Ferguson et Jose Mourinho, après des années de rivalité ..

Non car je ne suis pas souvent en Angleterre. Je les respecte. Quand on est en compétition, c'est vous ou eux, donc c'est plus agressif. Mais après, une fois qu'on rencontre les personnes en dehors du contexte de la compétition, c'est différent. On souffre tous, on a connu les mêmes difficulté avec nos équipes, on doit défendre notre Club à tout prix, donc parfois ça dépasse les limites. Mais il y a un respect malgré tout.

Alors que vous étiez à Arsenal, vous avez refusé des offres du Real Madrid deux fois, le Bayern, la Juve, le PSG, l'équipe de France, l'équipe d'Angleterre et Man Utd - laquelle de ces équipes vous étiez le plus proche de rejoindre ?

Certainement le Real Madrid - car je ne connais pas beaucoup de personnes qui les ont refusé deux fois. Et j'étais dans un Club qui n'avait pas les ressources financières pour viser le titre. Mais je me suis dit que si j'avais accepté le challenge à Arsenal, je devais aller jusqu'au bout. Il y a différents types de manager. J'étais le manager qui est resté le plus longtemps à Monaco, et à Arsenal - donc ça fait partie de ma personnalité.

Les équipes ou les joueurs les plus dures que vous avez rencontré ?

Quand je suis arrivé en Angleterre, Wimbledon. Pour les joueurs, Roy Keane et Alf-Inge Haaland.

Vos regrets en terme de recrutement ?

Par exemple Cristiano Ronaldo, imaginez la associé à Thierry Henry, Pires, Wiltord, Bergkamp. On aurait marqué 200 buts en une saison ! On a des regrets parfois, on se dit que c'est notre faute, on a pas agis assez rapidement, ou financièrement on a pas pu trouver l'accord à temps. Mais vous posez la même question à Chelsea, Man Utd, Liverpool ... ils ont tous manqué beaucoup de grands joueurs.

[Zlatan] Non je ne regrette pas [de lui avoir proposé un essai], car c'était un jeune de 17 ans qui venait de Malmo, en seconde division suédoise. Personne ne le connaissait. On a donné pleins d'essai à des jeunes de 17 ans - c'était la chose normale à faire avant de prendre une décision.

Définissez votre héritage ..

Quelqu'un qui a servit son Club avec un engagement total, une intégrité totale, une totale honnêteté et qui aimait ce Club. J'ai donné à Arsenal les meilleures années de ma vie. Dans différentes circonstances, mais j'ai toujours sentit la même passion.

PRÉSENT

La même routine chaque matin, 2 heures d'exercice ?

Oui, j'ai la même routine que lorsque j'entraînais. Le sport c'est comme se brosser les dents - si on le fait une fois par semaine c'est pas très efficace, mais tout les jours si.

Combien de matchs de Football par jour ?

Je ne regarde que du Football. Le matin je regarde les matchs de la veille. C'est ma passion. Quand on naît, notre premier instinct c'est la survie. Puis on passe sa vie à lui trouver un sens. Le sens de ma vie c'est le Football. J'ai grandit dans un bistrot qui était le QG d'une équipe locale. Dès l'âge de 4-5 ans j'ai entendu les gens parler Football, donc certainement que ça m'a appris que c'était la seule chose importante dans ma vie.

Arsenal entre de bonnes mains avec Mikel Arteta ?

Oui. Il a les ingrédients pour être un très bon manager, un grand manager, mais comme beaucoup d'anciens joueurs. On doit leur donner du temps, les laisser travailler comme ils le souhaitent. Il est intelligent, il a une grande passion, un gros caractère. Je trouve qu'il s'est entouré de bonnes personnes aussi.

Vous avez signé Özil pour £42.4m - que dire de sa situation actuelle ?

C'est d'abord du gâchis pour lui. Car il est dans les années où un talent comme lui peut produire le plus. Et c'est aussi un gâchis pour le Club car c'est un super talent, un talent créatif qui peut créer la passe qui tue dans les 30 derniers mètres.

La façon dont le Football évolue c'est axé sur le contre-pressing, des transitions rapides, et tout le monde joue de la même manière. Ca a effacé des joueurs comme Özil du Football. Mais il ne faut pas oublier de qui on parle, un champion du monde, qui jouait pour le Real Madrid. Il a battu les records de passes décisives, donc il faut trouver un moyen de l'impliquer de nouveau."

Vous êtes toujours un fervent supporter de la VAR, malgré les frustrations ?

D'abord demandons nous si la VAR est efficace ? Quand on regarde les stats, les analyses, on est passé de 84% de bonnes décisions à 95% de bonnes décisions. Ensuite, c'est un bon moyen de combattre la corruption car ce n'est plus un seul homme qui a une influence sur une décision. Pour moi c'est un argument important car ça n'a pas toujours été comme ça dans le Football. Oui on peut dire que ça ralentit parfois le jeu, mais si demain on supprimais la VAR, les gens voudraient qu'on la remette. L'année dernière, les gens se plaignaient de la règle du hors jeu. Cette année on en parle plus. Le plus important c'est que les bonnes décisions soient prises.

Les punitions sur le racisme dans le Football ..

On ne peut tolérer le racisme et je crois que le sport, surtout le Football, a une énorme responsabilité - montrer que l'on peut vivre ensemble, partager le même amour. On ne peut pas tolérer le racisme en tribune, on doit le punir. Comment ? On a pas trouvé la bonne réponse. Je crois dans les caméras pour reconnaître les auteurs, puis les bannir à vie.

L'AVENIR

Vous voulez supprimer les touches ?

Une touche c'est supposé donner un avantage pour l'équipe en possession du ballon. Alors qu'en réalité, vous êtes désavantagé avec 9 joueurs de champs contre 10. Aussi, un joueur de Football doit utiliser ses mains pour jouer le ballon. Donc vous avez plus de chance de perdre la balle sur cette remise en jeu. On doit toujours réfléchir à rendre le Football plus rapide, plus spectaculaire. Donc pourquoi ne pas remplacer les touches dans notre propre camp par des renvois au pied ? Il faut rendre le Football plus intéressant, et beaucoup de règles ont été créé pour rendre ce sport plus spectaculaire. Il faut aussi qu'on autorise qu'un joueur puisse jouer un coup franc pour lui-même dans certaines circonstances.

Par rapport aux jeunes et au Football féminin, quelles mesures ?

Je veux que tout le monde dispose des mêmes opportunités. En Europe, on est dans une bulle. Il y a des pays où les enfants n'ont pas accès aux coachs et où il n'y a pas d'infrastructures. Je veux créer un programme en ligne accessible à tous, pour les personnes qui veulent devenir coach. On y trouverait ce que l'enfant doit apprendre en fonction de l'âge, combien de fois il doit s'entrainer, et quand augmenter la difficulté de l'exercice.

Pour le Football féminin, lors des Coupes du Monde il y a beaucoup d'intérêt mais en dehors de ça c'est très minime. Ca ne suffit pas d'investir beaucoup d'argent, de payer de gros salaires pour que des femmes acceptent de dévouer leur vie au métier de Footballeuse. Il faut d'abord développer la qualité des matchs. Et aussi développer les infrastructures car en ce moment, les terrains sont occupés par les hommes, donc ça implique la construction de nouveaux terrains.

(BBC)

TheMerse


Vince

On est gâté en ce moment !

darren

Toujours un plaisir d'écouter le parrain de la révolution  :thanx:
« on réussit dans la vie en faisant bien ce qu'on sait faire. On a pas toutes les qualités, mais il faut exprimer celles qu'on a  »
« Personne n'a assez de talent pour se contenter de vivre avec ce seul talent. Sans travail, vous n'allez nulle part. »
ARSENE WENGER

gunners_dz

Merci, on ne ce lasse jamais de lire le boss.

Lba

Merci Vince. Wenger à aussi donné une longue interview à Ornstein.

Vince

16-10-2020, 16:41:08 #14843 Dernière édition: 16-10-2020, 16:53:20 par Vince
CiterArsène Wenger Interview



https://theathletic.com/podcast/144-the-ornstein-and-chapman-podcast/?episode=131

David Ornstein a lui aussi pu interviewer Arsène.

DO : Une des choses les plus extraordinaire c'est que, pour un homme qui n'aime pas parler de lui, vous avez fait un nombre extraordinaire d'interview ces 2 dernières semaines, comment se passe ce marathon médiatique ?

AW : C'est inhabituel pour moi. Je ne l'aurais pas fait, mais l'éditeur m'a demandé de le faire, car ça permet de faire réussir le livre. J'ai pris du plaisir parfois, ça fait longtemps que je n'avais pas parlé aux médias. Je voulais tout faire en une courte période, car j'aimerai me remettre au travail à la FIFA. J'ai surestimé ma force sur le coup.

DO : En lisant le livre et écoutant les interviews, autant que du plaisir à faire ce métier et avoir cette carrière que vous avez eu, je détecte aussi de la tristesse, de la nostalgie, de la solitude, beaucoup de solitude dès l'enfance. Est-ce que c'est quelque chose qui a motivé ce livre et tout ces interviews ?

AW : Quand on prend une décision, on écoute les conseils, mais à la fin on prend sa décision. C'est accepter l'incertitude de la décision qui crée de la tension. Car ce qui crée le stress c'est l'incertitude et la pression extérieure. Donc à un moment on se sent seul. Quand on construit son équipe le vendredi soir, on sait que parmi les 8 qui ne joueront pas, 2 ou 3 ne s'y attendaient pas, et ça dépend de votre sentiment. A un moment il faut prendre une décision, et seul vous peut la prendre. Il y a ce sentiment de solitude parfois.

DO : Est-ce qu'il vous arrivais de rêver, ou de faire des cauchemars, lié à Arsenal (accidents, matchs, résultats) ?

AW : Bien sûr. Le Club vie en vous 24h/h. Et quand on se réveille, on pense au prochain entrainement, on pense au prochain match, comment on veut jouer.
[Et maintenant ?] Plus maintenant. Maintenant j'analyse beaucoup. Je supporte toujours Arsenal. Je regarde quand je peux, mais je regarde tout les matchs. Une fois qu'on a cette passion, on meurt avec, et la passion pour le Football a été si intense chez moi. Mais j'ai accepté maintenant que je ne m'en débarrasserai jamais.

DO : Dans le livre vous racontez quand vous êtes rentré dans le Marble Hall, dans les bureaux d'Highbury, pour la première fois, impressionné par la classe. Au London Palladium lundi soir, vous avez dit qu'en quittant Arsenal, vous n'avez pas sentit une grande motivation du Club de maintenir un lien avec vous. Et vous vous êtes dit "OK, je coupe les ponts totalement". Est-ce que le Club a manqué de classe, celle que vous avez connu à votre arrivée ?

AW : Je ne dirais pas ça. J'ai senti peut-être que l'on pensait que le Club serait mieux sans moi, ça permettra aux gens après moi de travailler en toute liberté. Sans mon ombre pour les inhiber. De mon côté, peut-être que ce n'est pas un mal de couper complètement une relation, et faire quelque chose de différent, prendre mon temps. Ceci-dit, ça a été dur à vivre, car dès que je quittais ma maison, c'était pour me garer au centre d'entrainement. On est plus dans cet environnement, et 22 ans c'est pas rien. J'ai absolument tout donné pendant 22 ans.

DO : Dans ce livre, vous parlez "d'une hostilité d'une section des fans, et du Board" que vous trouviez injustifiée. De qui vous parlez concernant le Board ?

AW : Je ne veux pas rendre ça publique. Mais je l'ai vécu comme ça. Je ne voulais pas d'un livre où j'exprime pas ce que j'ai ressentit en toute honnêteté. C'est aussi pour ça que les liens ont été rompu complètement après mon départ. C'est ce qui s'est passé.

DO : Est-ce que vous avez pleuré depuis votre départ ? Est-ce que vous avez été ému à un moment ?

AW : Non, j'ai été triste. On ne va pas bien quand la tristesse devient chronique. J'ai été triste, mais pas abattu car le vrai juge est au fond de vous, et je savais mon amour pour ce Club, mon engagement total, et ma loyauté pour ce Club. J'ai servi ce Club avec intégrité et courage. Je sais que j'ai fait des erreurs, je regrette chaque erreur. Mais je pense avoir fait de mon mieux pour le Club, donc c'est pourquoi je peux aussi vivre sans.

DO : Vous mentionnez avoir gardé des liens avec des gens du Club, ils vous tiennent aussi au courant de ce qui se passe ?

AW : Parfois des gens ont besoin de conseil, et ils m'appellent.
[Des gens hauts placés au Club ?] Non.

DO : Vous dites qu'Arsenal est dans la meilleure situation possible financièrement, vous suggérez même qu'ils ont les moyens financiers de remporter la Champion's League. Quel est votre sentiment quand ce même Club licencie 55 employés ? Ou alors vous compariez de la position financière du Club actuelle par rapport à l'époque du remboursement du stade ?

AW : D'abord ce que je voulais dire, c'est que le poids du remboursement du stade n'existe plus. L'argent des droits TV a tellement augmenté depuis cette époque, et aujourd'hui le remboursement de la dette est très minime. A l'époque, on était obligé de se qualifier en Champion's League pour pouvoir rembourser la dette. J'ai même expliqué qu'à certains moment, on a dû investir de l'argent du Club dans la construction des appartements à Highbury. Donc oui, quand on regarde la situation actuelle, j'ai laissé le Club avec un fantastique centre d'entrainement, et un stade fantastique, le plus grand du pays après Man Utd et maintenant Tottenham. Les revenus sont là, et ils peuvent maintenant se concentrer à recruter des joueurs d'expérience, forts. D'ailleurs beaucoup d'argent a été dépensé en transferts ces 2 dernières années.

DO : Quand vous regardez les transferts, dans une interview, vous dites qu'ils ont trouvé de l'argent quelque part. Est-ce que vous vous dites "Ah, j'aurais bien aimé avoir eu cette chance" ?

AW : J'ai connu ça au début, lors des premières années on pouvait rivaliser sur le marché. Mais après, on a eu moins de moyens, j'ai accepté ce challenge, et j'en suis pas triste. Ce qui est triste c'est quand les autres remportent le titre et pas nous, alors les gens se disent, "ce gars est fini ou quoi?". On a quand même terminé 3 fois 3ème, 5 fois 2nd, 6 fois 4ème. Donc la constance dans les résultats a été exceptionnelle comparé aux autres grands Clubs européens, mais il nous manquait ce petit plus pour passer devant les autres.

DO : A l'époque les fans chantaient parfois "Spend some f****** money". C'était une question de ne pas pouvoir ou parce que comme ils le pensaient vous étiez "têtu" ?

AW : Déjà, ce n'était pas mon argent. J'ai traité le Club comme si c'était mon argent, mais si on ne dépensait pas c'est parce qu'on avait pas les moyens. C'était pas compliqué à comprendre. Je pense qu'à l'époque j'ai guidé le Club dans une période très difficile. Et on a joué du très beau Football aussi.

DO : Vous parlez avec éloquence des restrictions, la perte de joueurs importants, la difficulté pour opérer à cette époque, mais dans le même temps vous expliquez qu'il fallait quitter Highbury pour un nouveau stade dans le but de permettre au Club de réaliser son potentiel. Avec le recul, vu les restrictions qui ont suivit, si vous pouvez revenir en arrière vous quitteriez quand même Highbury ? Ca valait vraiment le coup de souffrir pour plus de sièges et un peu plus de potentiel financier ?

Je dirais, si on considère la situation globalement, oui, car l'avenir ce n'était pas juste mes 12 ans à l'Emirates, c'était les 20 ou 30 prochaines années. Highbury n'avait aucune possibilité de développement, on ne pouvait même pas ajouter 5000 sièges. L'Emirates était nécessaire. Ce n'était pas une expérience positive pour moi car j'ai perdu Highbury, mais le Club devait le faire pour son avenir et aujourd'hui il est en position forte.

DO : Vous étiez un innovateur à votre arrivée, mais la perception c'est que les autres Clubs ont rattrapé leur retard sur Arsenal, et vous n'avez pu réinventer et relancer le Club à nouveau. Maintenant on connait les circonstances grâce à ce livre et vos explications, mais vers la fin il y a eu des défaites assez brutales. Votre 1000ème match contre Chelsea, le 8-2 à Old Trafford, et le sentiment que le style se perd. Est-ce que vous aviez le sentiment que ce qui a fait la force du Club était en train de disparaître ?

AW : Liverpool vient de perdre 7-2 contre Villa, est-ce que ça signifie qu'ils ont perdu leur style ? Une grosse défaite n'est jamais vraiment une estimation de la qualité d'une équipe. Lorsqu'on a perdu ce match contre Chelsea, on était à 10 (dès la 15ème minute). Contre Man Utd, on venait de jouer à Udinese 4 jours avant dans une chaleur incroyable, on s'est qualifié et la moitié de l'effectif ne pouvait jouer le dimanche. Il faut toujours analyser les choses plus profondément avant de tirer une conclusion. Est-ce qu'on était moins bon qu'en 2004 ? Evidemment, mais cette équipe était exceptionnelle, car il y en a eu des équipes fantastiques, mais aucune n'a fait une saison invaincu.

DO : Qu'est-ce que vous pensez quand les gens disent que Sir Alex Ferguson a su se réinventer en changeant son staff ?

AW : Ils ont raison.
[Pourquoi ne pas avoir pareil ?] Je ne le nie pas, mais Alex Ferguson avait Cristiano Ronaldo, Wayne Rooney, Ruud van Nistelrooy, Ryan Giggs, Paul Scholes ... quand on voit l'étalage de talent, les grandes équipes qu'ils ont eu, et malgré tout on arrivait parfois à les battre. Ils n'avaient pas nos restrictions financières. Où est allé van Persie ? A Man Utd. Pourquoi ? Parce qu'ils avaient les moyens de payer le salaire qu'il voulait et pas nous. Où sont partit nos joueurs ? A Man City. Ils avaient les moyens de payer les salaires qu'ils voulaient et pas nous. C'est surtout lié à la puissance économique.
[Pas le changement d'adjoint ?] On avait un staff et un environnement de grande classe. Si Ferguson renouvellait son staff c'est parce qu'il était peu présent aux entrainements. Il avait besoin de changer de coachs car il sentait dans les réactions des joueurs qu'ils commençaient à être fatigué de connaitre 3 ans de ci et 3 ans de ça. Il l'a très bien fait, et je le dit dans le livre. Mais on ne travaillait pas du tout de la même manière, et on avait pas les mêmes ressources financières.

DO : Vous racontez de belles histoires, comme la signature de Lamine N'Diaye (à Mulhouse) dans un parking, ou quand vous avez changé les billet d'avion de Lilian Thuram alors qu'il était à l'aéroport. Vous avez des histoires similaires à Arsenal que les gens ne connaissent peut-être pas ? Je connais celle de Park Chu-Young qui fait demi tour dans l'Eurostar.

AW : Oui. La signature de Danny Welbeck quand j'étais au match pour la paix. A l'aéroport on m'a dit qu'il signait à Tottenham et j'ai réussis à l'intercepter. C'était drôle car j'ai négocié toute la journée. On avait Ivan et Dick Law pour négocier et ils m'appellent et je me retrouve avec l'agent au téléphone. Je lui dit "Désolé je dois raccrocher, j'ai le Pape devant moi". Il me dit "Quoi ?". Je lui répond "Oui". On était en train de faire la queue pour avoir une audience privée avec le Pape, et j'étais en bout de queue, comme ça j'avais le temps de négocier. Mais j'arrive finalement au niveau du Pape et je lui dis, "Ecoutez, c'est plus possible maintenant, je dois rencontrer le Pape".
[Et il signe quand même !] Oui [rire].

DO : Pourquoi ne pas avoir re-signé Cesc Fabregas ?

AW : C'était ma conviction de faire réaliser aux joueurs que si ils décident de partir, il n'y a pas de retour possible. Ca permet de retenir les joueurs qui voulaient voir si l'herbe est plus verte ailleurs. J'ai fait quelques exceptions, avec Thierry Henry, Sol Campbell, Jens Lehmann, mais c'était des cas différents. Les jeunes joueurs qui sont partit, je ne voulais pas les reprendre.

DO : Dans le livre vous parlez aussi des blessures de joueurs et la culpabilité que vous ressentiez. Des émotions brutes et de la souffrance des joueurs. Et Emmanuel Eboué qui quitte le terrain en pleurant ? Et sinon Adebayor qui célèbre son but en face de vos supporters ?

AW : Ca n'a pas été son meilleur moment. Mais Adebayor n'a pas été convaincu de partir. Et il avait du ressentiment car il pensait que je l'avais poussé à partir. C'est pourquoi j'ai parlé de ça dans le livre. Pour Eboue, ça arrive, mais il a craqué complètement. Il rentre en cours de match, manque la première passe, on se dit OK, puis ça continue encore et encore. Au bout d'un moment on peut perdre le match à cause de ça et il faut le sortir, on a pas d'autre solution. Bien sûr, le joueur souffre et se sent mauvais. C'est la part difficile de notre métier, on produit chaque vendredi des sans emplois, et le lundi matin, on les réemploie, comme si de rien n'était, pour qu'ils se battent pour retrouver une place dans l'équipe le samedi.

DO : Le décès de Jose Antonio Reyes a dû vous toucher.

AW : C'était terrible. Je me suis battu pour lui avec David Dein qui est allé à Séville. Il m'appelle et me dit, "c'est difficile ici, les supporters manifestent, le président ne veut pas vendre". Je lui ai dit, "Je m'en fout, amène le avec toi", et il a réussit. Il est venu, faisait partie de l'équipe de 2003-04. Lors de la finale de 2006 j'ai décidé de ne pas le faire jouer, j'ai fait débuter Robert Pires, et il m'en a voulu.
Sa mort est arrivé le jour d'une finale de Champion's League, c'était incroyable. J'étais en Espagne. C'était difficile à croire et très triste, car je connaissais ses parents aussi, c'était très triste.

DO : Pour finir, sur une note plus joyeuse, est-ce qu'il vous est arrivé de célébrer des succès en privé ? Vous saouler ? Aller dans votre restaurant local et vous laisser aller ? Vous avez connu certains des plus spectaculaires succès, dites nous comment vous avez célébré ça.

AW : Je suis désolé de vous décevoir. J'ai été saoul une fois dans ma vie, j'avais 18 ans. J'adorais être avec mon staff après le match, avoir un contentement calme, partager les moments de joie avec eux, car on souffre ensemble, on célèbre ensemble. Et il faut toujours préparer le prochain match, donc on pense "si je prend telle décision demain, je devrais gérer le gars qui ne va pas jouer". Je restais concentré.

DO : Une vie de moine alors.

AW : Oui une vie monacale. Un vie ennuyeuse. Pour les joueurs aussi, les gens ne voient que le glamour, mais c'est essentiellement une vie ennuyeuse. On s'entraine, on rentre chez soit, on dort, on s'entraine, on dort, on joue, on rentre chez soit ... Quand on joue dans le monde entier, oui on visite le monde entier, mais on ne visite que l'aéroport, l'hotel et le stade.

DO : Ennuyeux pour vous, mais pas pour nous. Merci beaucoup. Vous êtes dans une forme incroyable. Continuez de sourire et d'apporter à ce sport que vous aimez.

AW : Merci beaucoup.

(Athletic)

Lba

16-10-2020, 17:22:39 #14844 Dernière édition: 16-10-2020, 17:55:26 par Lba
C'est marrant qu'il lui parle de rêve parce que j'ai moi même rêvé de Wenger cette nuit. Deux fois. Je ne suis pas du genre à me dire que si je croise telle ou telle "star" j'irai lui parler, en fait j'en croise pas mal dans mon boulot et je m'en fou. Mais je me suis toujours dis que si je croisais Wenger par hasard j'irai lui dire merci car c'est grâce à lui que je supporte ce club et que je le supporterai toute ma vie. Et dans le fameux rêve, il me snobe putin. J'avais tellement la haine qu'inconsciemment j'ai rêvé de la même situation dans la foulée et cette fois il m'a dit merci et on a discuté ahah.

En tout cas ça fait plaisir de le lire, je trouve que cette interview avec Ornstein est l'une des plus sympa.

Vince

C'est aussi parce qu'Orsntein est un excellent journaliste, il a essayé de lui poser des questions qui n'ont pas été posé plus tôt, et des questions qu'un fan pourrait lui poser. Car c'est un fan d'Arsenal aussi.

we are the Arsenal !

16-10-2020, 17:58:30 #14846 Dernière édition: 16-10-2020, 18:03:12 par we are the Arsenal !
DO : Pourquoi ne pas avoir re-signé Cesc Fabregas ?

AW : C'était ma conviction de faire réaliser aux joueurs que si ils décident de partir, il n'y a pas de retour possible. Ca permet de retenir les joueurs qui voulaient voir si l'herbe est plus verte ailleurs. J'ai fait quelques exceptions, avec Thierry Henry, Sol Campbell, Jens Lehmann, mais c'était des cas différents. Les jeunes joueurs qui sont partit, je ne voulais pas les reprendre.


On s'en doutait peu, on a la confirmation qu'il a bien fermé la porte à Fabregas part fierté ou orgueil, j'aurais pu comprendre pour un autre joueur mais Fabregas était encore parmi les meilleurs milieux au monde à cette époque, dommage il est parti aidé Chelsea à gagner le championnat à la place :(

Ps: Je ne veux pas relancer un débat ici :lol: Il n'y a plus de débat à avoir de toute façon, au moins c'est clair maintenant !

DiosBergkamp

C'est parfois nécessaire d'être ferme et de prendre une décision extra sportive pour avoir un impact plus global sur les valeurs que tu veux transmettre au groupe.

Un peu comme quand tu mets Ozil au placard pour expliquer que tout le monde doit être soudé à 100% :P

Vince

Citation de: DiosBergkamp le 16-10-2020, 18:00:41Un peu comme quand tu mets Ozil au placard pour expliquer que tout le monde doit être soudé à 100% :P

Pourquoi Özil plus qu'un autre ? Ceux qui ont refusé la réduction de salaire continuent de jouer :shrug:

Vince

Citation de: we are the Arsenal ! le 16-10-2020, 17:58:30Ps: Je ne veux pas relancer un débat ici :lol: Il n'y a plus de débat à avoir de toute façon, au moins c'est clair maintenant !

Surtout que tu as mal compris sa réponse :lol:

Et puis tu seras le premier à te plaindre dès qu'on parlera d'Özil dans les semaines/mois/années à venir, mais t'es toujours en train de te plaindre qu'on ait pas signé Fabregas il y a 10 ans :P Donc ça montre bien que le temps change pas grand chose.