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Entre Graham et Wenger, Bruce Rioch

Démarré par Vince, 21-01-2015, 21:11:59

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Vince

21-01-2015, 21:11:59 Dernière édition: 21-01-2015, 21:27:45 par Vince
C'est une période un peu oublié de l'histoire moderne du Club, Arsène Wenger n'a pas succédé directement à George Graham, pendant l'été 1995 c'est le manager de Bolton Bruce Rioch qui est devenu le manager d'Arsenal. Une courte période car il fut licencié au tout début de la saison 1996-1997 après divers problèmes relationnels avec les joueurs cadres d'Arsenal à l'époque. Adrian Clarke joueur d'Arsenal à cette époque, revient sur cette période dans son Blog.



"Certains Managers évitent les conflits, Arsène Wenger est un de ceux là, alors que son prédécesseur était l'opposé. En fait, il se serait jeté a pied joint dès que l'opportunité se présentait, si il considérait que ça pourrait porter ses fruits ensuite, que ce soit pour le joueur ou le collectif. Il n'avait pas peur du conflit, ça faisait partie de sa personnalité. Mais ça a aussi causé sa perte.

Peu importe le statut du joueur, il faisait toujours savoir dès que quelque chose ne lui plaisait pas, et sans y mettre les formes. Il était honnête, franc, et dur, il ne faisait pas dans la diplomatie ou la manipulation. Alors qu'il avait un groupe fait de joueurs expérimentés qui ont déjà gagné des titres de champions, FA Cup, Coupe de la Ligue et Coupe de Vainqueurs de Coupe, il n'y avait pas de traitement de faveur. Et ça n'a pas du tout plu aux forts caractères qui composaient ce groupe. Je me rappelle des nombreuses altercations entre lui et Ian Wright. Une fois il avait stoppé une session d'entrainement pour dire à Wrighty qu'il devrait prendre exemple sur son ancien joueur à Bolton, John McGinley, au niveau des appels. C'était une grave erreur de communication. Je suis sûr que ça partait d'un bon sentiment, mais ça a été mal pris, et leur relation ensuite n'a plus été la même. Ian n'avait plus aucun respect pour son manager, et ça a été le début de nombreuses disputes dans le vestiaire.

Personnellement, j'avais trop peur pour répondre; même quand Rioch m'avait laissé la trasse de ses crampons sur ma cheville à l'entrainement. A l'inverse de George Graham qui restait à l'écart des oppositions pour ne pas ralentir le rythme, Bruce participait si jamais on était un nombre impair, et n'hésitait pas à aller à fond dans les duels contre ses propres joueurs, laissant souvent trainer les crampons sur les plus jeunes joueurs. Il aimait le contact. Je me rappelle un jour, lui et Eddie McGoldrick se rendaient coup pour coup (ce qui avait faire beaucoup rire les autres), et c'était assez courant. Quand on est un jeune joueur comme moi, on sentait qu'il voulait nous tester, voir comment on réagit, c'était la vieille école.

Plus il était dur avec nous, plus il pensait nous aider sur le long terme, et ça ne me dérangeait pas. Si il me prenait pour cible à l'entrainement, je me disait qu'il s'intéressait à moi. Voilà comment les choses marchaient à l'époque. A l'inverse des jeunes actuellement, on était vraiment pas emballé dans du coton. Fils d'un Sergent Major dans l'armée Ecossaise, Rioch est arrivé à Arsenal avec cette réputation de manager à la militaire, on a vite découvert que ce n'était pas un mythe.

Il se concentrait sur le détail, l'esprit d'équipe, l'organisation, et le long terme - ça se reflétait dans ses séances d'entrainement. Je me rappelle des courses que l'on faisait autour du centre d'entrainement de London Colney un jour en pré-saison, avec George Armstrong (notre coach de la Reserve que l'on adorait) qui griffonnait sur un papier à chaque fois que l'on faisait un tour. Basé là-dessus, il nous séparait en plusieurs groupes, dans chacun de ces groupe un des joueurs les plus lents. Et le but pour les autres était de faire en sorte que le dernier de leur groupe arrive avant celui des autres. C'était un exercice typique de camp d'entrainement militaire pour améliorer l'esprit d'équipe. Dans mon groupe on avait Paul Merson (un joueur sensationnel, mais un très mauvais athlète). Et la façon dont le manager nous hurlait dessus pour aider le plus faible de notre équipe ressemblait plus à une méthode de chef instructeur de l'armée, il aurait très bien pu porter un uniforme kaki plutôt que le survêtement du Club.

Il était aussi très méticuleux, c'était évident lorsque l'on travaillait les coups de pied arrêtés. Sous George Graham, c'était une mécanique millimétré, donc il y avait une tradition à faire perdurer, et on a travailler dur pour ça. Mon pied gauche était ma plus grande force, et je tirais donc les corners et coups francs. Un jour à l'entrainement, il m'a demandé de viser spécifiquement la tête d'Andy Linighan au premier poteau lors d'un corner; mais pour une raison ou une autre je n'y arrivais pas. Plus il me demandait de réessayer, plus ça empirait. J'avais honte, j'avais envie de me cacher, et le manager ne me montrait aucune sympathie. Tout ce qu'il voulait c'était que le corner soit bien tiré, donc après avoir secoué plusieurs fois la tête de désapprobation, et plusieurs regards noirs, il m'a retiré des tireurs de corner, et m'a demandé de me mettre sur le côté. Après ça je ne me suis plus entrainé avec l'équipe première pendant des semaines.


Adrian Clarke

Il était impitoyable. Ray Parlour, Martin Keown, Stephen Hughes me rappellent toujours cette histoire quand on se voit. J'ai été surnommé 'le fils de Bruce' par certains qui pensaient que j'étais son chouchou, mais cet incident était le genre d'histoire brutal qui est resté dans leurs mémoires. On en rigole maintenant, mais à l'époque ça m'a complètement abattu. Je m'entendais plutôt bien avec Bruce Rioch, et je lui serai toujours reconnaissant de m'avoir permit de commencer 5 matchs en 8 présence dans le groupe lors de la saison 1995-96. Il aimait les jeunes joueurs et c'était fantastique. Avant sous George Graham, c'était difficile de se faire remarquer, il était quelqu'un de prudent de nature et inquiet par le risque de donner sa chance à un jeune joueur. Rioch moins. Si il vous trouvais assez bon, il vous lançait dans le grand bain.

Cette confiance nous a permit de gagner en assurance dans cet environnement, et ça nous permettait de jouer à notre meilleur niveau. Il avait aussi un côté sympathique malgré tout. Lorsque que l'on discutait individuellement il demandait souvent des nouvelles de la famille. Ce n'était pas que des discussions sur le football, il cherchait à connaitre l'homme. Construire un esprit de famille dans le vestiaire était important pour lui, et c'était devenu une habitude que les joueurs amène un gâteau quand l'un d'eux fêtait son anniversaire - les joueurs n'étaient pas aussi entousiastes qu'à l'époque de son prédécesseur dans ce genre de rassemblement - mais l'intention était bonne.

Autre règle plutôt bizarre c'était lorsque l'on se saluait. Si le matin il me disait "Salut, ça va Clarkey?" et que je répondait juste "oui ça va, merci" il se mettait en colère "Comment ça? T'es un joueur professionnel, tu joue pour un grand Club, et juste 'ça va'? Trouves mieux fiston!" Je sais pas pourquoi il donnait autant d'importance à ça. Et les joueurs se moquaient de lui en répondant "je vais absolument merveilleusement bien Boss. Incroyablement bien en fait. Et vous? Comment va la famille?" avec évidemment beaucoup de sarcasme. Dans le football, avec des joueurs professionnels expérimentés et cyniques il fallait s'y attendre.

Avant que l'arbitre fasse sonner la cloche avant les matchs, pour nous demander d'aller sur le terrain, Bruce faisait le tour du vestiaire en serrant la main de chaque joueur, en regardant dans les yeux, et disant "joue bien". Il ne nous perturbait pas avec un discours d'avant-match, et j'aimais plutôt ça.

Avec Rioch, Arsenal jouait un bon football, c'est souvent injustement oublié. Libéré de la prudence de Graham, les joueurs étaient encouragé à passer et bouger plus rapidement, jouer avec plus de liberté. Arsenal était plus beau à voir qu'avec son prédécesseur. L'arrivée de Dennis Bergkamp a surement joué un rôle là-dedans, Bruce l'adorait (on peut le comprendre) et souhaiter construire l'équipe autour de lui. Les résultats ont progressé aussi, après avoir finit 12ème, il fait finir Arsenal à la 5ème place, avec 12 points de plus que l'année précédente. Mais ce n'était pas suffisant. Mi Aout, Bruce Rioch est viré, et part avec la distinction du manager qui a passé la période la plus courte au Club avec seulement 61 semaines.

Que s'est-il passé? Honnêtement je ne sais pas. Je pense que ces confrontations régulières ne plaisaient pas aux dirigeants. Ils ont du être mis au courant que certains joueurs ne l'aimaient ou ne le respectaient pas. Quand les cadres d'un vestiaire soutiennent un entraineur, les autres suivent. Je me demande si c'était à refaire, si il n'aurait pas fait plus pour mettre ces joueurs de son côté. Je l'ai bien aimé, c'était un homme fort, avec un style de management sévère, peut-être trop similaire à son prédécesseur qui a construit l'équipe dont il a hérité. Ca semblait être un moment dans l'histoire du Club où il fallait prendre un nouveau tournant, symbolisé par quelqu'un qui transformerait le Club de façon plus importante. Et finalement Arsène Wenger était la parfaite décision."

DiosBergkamp

Histoire sympa :up:

Un bon coach à l'ancienne :green:

gunners_dz

Merci pour cette partie d'histoire.

jones79

Je pense c'est David Dein qui est responsable pour le départ de Rioch. A l'époque Dein sentait le monde de football allait changer.La création du Premier League avec un influx de joueurs étrangers avait donné le nécessité d'avoir un "manager" avec une expérience internationale. Rioche n'avait pas cette expérience, mais Wenger, oui. 

Vince

Et aussi Ian Wright, qui ne s'entendait pas du tout avec Rioch et qui a demandé d'être mis sur la liste des transferts. Le Club a du choisir entre les deux.

jones79

C'est quand même l'homme qui est responsable pour la venue de Dennis Bergkamp et David Platt. Je me souviens dans son livre "Addicted" que Tony Adams avait dit que Rioch était pas mal en tant que manager, mais que Adams n'était pas dans la capacité de l'aider dans les moments difficiles à cause de ses problèmes d' alcool. 

Ben4

Citation de: jones79 le 22-01-2015, 16:26:41
C'est quand même l'homme qui est responsable pour la venue de Dennis Bergkamp et David Platt. Je me souviens dans son livre "Addicted" que Tony Adams avait dit que Rioch était pas mal en tant que manager, mais que Adams n'était pas dans la capacité de l'aider dans les moments difficiles à cause de ses problèmes d' alcool. 


Et c'est là que notre alsacien préféré est arrivé et a dit stop à l'alcool pour tout le monde ce qui a donné une nouvelle jeunesse à Adams, notamment.
D'ailleurs, ils en parlent pas mais quand Wenger arrive en octobre 96, le départ de Rioch était déjà plus ou moins acté pendant l'été puisque c'est Wenger qui joue un grand rôle dans la venue de Vieira cet été là.
Sinon, il est très intéressant cet article.
"My heart is tied to this football club-Arsenal is my life. This club has deep-seated roots and a tremendous heritage and it is my aim to uphold these important values and help create new history for future generations to recount.\" Arsène Wenger

Vince

Adams avait commencé son sevrage avant l'arrivée de Wenger. C'est une décision personnelle, c'était pas du tout lié à Wenger. Même si la nouvelle politique en terme d'hygiène de vie ne lui a pas fait de mal.

Ben4

22-01-2015, 17:14:25 #8 Dernière édition: 22-01-2015, 17:24:25 par Ben4
On m'aurait menti?! C'est ce que j'ai lu dans la biographie de Wenger que j'ai.
EDIT: j'ai vérifié, Wenger a installé cette interdiction d'alcool pour tous quand il est arrivé mais c'est vrai qu'Adams avait sans doute commencé son sevrage avant. Au temps pour moi.
"My heart is tied to this football club-Arsenal is my life. This club has deep-seated roots and a tremendous heritage and it is my aim to uphold these important values and help create new history for future generations to recount.\" Arsène Wenger

Vince

C'est une idée fausse, comme quoi les joueurs ont arrêté de boire à l'arrivée de Wenger .. Certains comme Adams et Merson ont arrêté avant, d'autres comme Parlour (ou autres) ont continué après. La différence c'était surtout dans la nourriture qui était servie à la cantine. Mais en dehors du Club personne n'est là pour surveiller ce qu'ils mangent ou boivent, du coup c'était des initiatives personnelles.

Ben4

De ce que j'ai lu, par exemple, Merson est allé voir Wenger directement lorsqu'il est arrivé pour lui parler de ses problèmes d'alcool et, toujours de ce que j'ai lu (encore une fois), Wenger a mis les points sur les i avec certains joueurs avec Parlour, Adams et Merson par exemple.
Si tu veux faire un procès au créateur du bouquin parce que tu as d'autres infos d'accord, on va ensemble au tribunal mais voilà ce que j'ai retenu (puis vérifié) :P
"My heart is tied to this football club-Arsenal is my life. This club has deep-seated roots and a tremendous heritage and it is my aim to uphold these important values and help create new history for future generations to recount.\" Arsène Wenger

Vince

:lol: Y'a pas de soucis, j'étais pas là et je sais pas exactement comment ça s'est passé, mais j'ai lu les autobiographies d'Adams et Merson (entre autres). Merson avait un gros problème d'addiction aux paris et à la coke (il buvait aussi beaucoup) et il avait parlé de ses problèmes et fait une cure de désintox pour la coke et les jeux. C'est ce qui a encouragé Adams a faire de même par rapport à ses problèmes d'alcool, et c'était le 14 Septembre 1996. Wenger est arrivé le 30 Septembre 1996.

jones79

Je confirme pour Adams car j'ai aussi lu son autobiographie.

Ben4

Ok, si t'as lu les bio des premiers intéressés effectivement... Sans doute que Wenger a dû les aider mais qu'il leur a pas donné l'idée. Peut-être un problème de traduction anglais-français ou d'une mauvaise coordination des dates dans la bio que j'ai ;)
"My heart is tied to this football club-Arsenal is my life. This club has deep-seated roots and a tremendous heritage and it is my aim to uphold these important values and help create new history for future generations to recount.\" Arsène Wenger

TheArmoury

Citation de: Vince le 22-01-2015, 15:09:34
Et aussi Ian Wright, qui ne s'entendait pas du tout avec Rioch et qui a demandé d'être mis sur la liste des transferts. Le Club a du choisir entre les deux.


Il me semble que tu avais traduit un article sur ce fait historique du club ^^

clarck59

Sympa cet article :up:
J'avoue ne plus me rappeler qu'il était le prédécesseur de Wenger.
On ne devait pas rigoler tous les jours avec lui ^^.

Vince


Vince

06-05-2018, 02:18:04 #17 Dernière édition: 06-05-2018, 02:23:42 par Vince
CiterBruce Rioch Interview



Un journaliste du Telegraph a retrouvé l'entraineur oublié d'Arsenal, Bruce Rioch, celui dont Wenger a succédé. Aux Cornouailles, Bruce à sa routine habituelle et très précise. D'abord une séance de musculation, puis il déjeune au Royal Duchy Hotel où il commande du saumon fumé sur du pain au céréales. A 70 ans, Rioch est dans une très bonne forme. "Faire attention aux détails. C'est ce que mes parents m'ont appris."

Ces 10 dernières années il s'est fait oublier sur la côte Anglaise, son dernier poste était à Aalbord au Danemark, où il a emmené le Club en phase de groupe de Champion's League. Pendant 22 ans il a été la question piège "qui a précédé Arsène Wenger à Arsenal?" lors des quizz aux pubs. D'une certaine manière c'est son fardeau, ce passage éclair entre deux icônes du Club. Il n'est resté que 61 semaines, qui sont parfois dépeinte comme un intermède peu glorieux, une transition compliquée après l'austérité de George Graham, et avant l'esthète Arsène Wenger. Il vie maintenant une vie tranquille à conseiller les Clubs locaux.

"Pour chaque entrainement, j'arrive 30 minutes plus tôt. Je marche sur le terrain pour voir si il n'y a pas d'objets - sur lesquels les joueurs pourraient se blesser en tombant." Son obsession du détail a été un obstacle à Arsenal. Adrian Clarke, jeune ailier à l'époque, raconte l'histoire des exercices répétitifs sur les corners, de longs ballons au premier poteau pour Andy Linighan, il devait les tirer encore et toujours, jusqu'à l'épuisement. Ian Wright, avec qui la relation a été particulièrement difficile, surnommait Rioch "Dagenaham" - une ville toute proche de Barking ("aboiements" en français). "Il y avait des désaccord. Je voulais qu'on signe Alan Shearer."

Mais il rappelle qu'il a hérité d'une équipe en pleine tourmente en 1995, c'était l'ère du Tuesday Club, et Arsenal avait terminé 12ème de Premier League lors de la dernière saison de George Graham. "Lors de la pré-saison à Gothenburg, deux avocats sont venu avec l'équipe. Les joueurs m'ont dit qu'ils ont besoin d'eux, sinon ils ont du mal. Un des avocats m'a dit, "il y a de bien plus graves problèmes dans cette équipe que tu ne peux l'imaginer"." Bruce Rioch révèle qu'un des joueurs a pensé se suicider. "Il a tapé à ma porte vers 10h, alors qu'on allait partir s'entrainer, et me dit "j'ai pensé à me suicider en venant ici. J'ai pensé à conduire ma voiture contre un camion". J'ai su que je devais discuter avec le gars aussi longtemps qu'il le faut. Ce n'est pas un job pour lequel on est préparé."

Rioch paiera le prix des résultats d'Arsenal, qui finira 5ème avec une élimination en FA Cup contre Sheffield Utd, mais les joueurs stars dont Tony Adams sont conscient qu'ils sont les premiers responsables. Adams a sombré dans l'alcoolisme à cette période, après l'élimination de l'Angleterre lors de l'Euro 1996 il a débuté une série de 7 semaines de binge-drinking, n'étant d'aucune aide pour le nouveau Manager. "Tony s'est plus tard excusé. Il m'a dit "je suis désolé de ne pas avoir été là pour vous"."

Puis les fans l'ont tenu responsable de la situation de Ian Wright, qui demande à partir à cause de ses méthode très rigoureuses, presque militaires. Le père de Bruce, Jim, était un sergent major de régiment dans l'armée écossaise, et on chuchotait au Club que la pomme n'était pas tombée loin de l'arbre. "Les gens entendent ça, puis ils m'imaginent en train de brailler sur mes troupes. Ce n'était pas comme ça. On était une famille très chaleureuse, mais la discipline était importante pour nous. Mon père disait toujours qu'il y a deux choses fondamentales dans la vie : le travail dur, et l'enthousiasme. Je dis la même chose à mes fils et petits fils."

Il pousse la discipline au maximum, jusque dans la vie personnelle des joueurs, en citant Bill Shankly, un exemple pour l'écossais. "Shanks disait "le plus tôt mes garçons sont mariés, mieux c'est. Car alors on sait où ils sont." Je me suis dit que c'était vrai. J'ai rencontré Jane à 14 ans, on s'est mariés quand j'en avait 19. Où est-ce que j'étais presque tout les soirs ? A la maison."

Dès le matin Rioch interrogeait ses joueurs, pour savoir comment ils vont. Si ils ne disaient que "ça va", ou "pas trop mal", ils risquaient une remarque de sa part pour leur manque d'enthousiasme. Chose qui agaçait les joueurs. Rioch attribut cette nature à son expérience américaine, où il a entrainé à Seattle, et où la courtoisie était très importante. Mais plus fondamentalement cela vient de son père. "Mon père était tout le temps en train d'encourager, faire en sorte que les personnes se sentent bien. En plus d'avoir été un soldat pendant 30 ans, il était aussi un grand athlète. Lanceur de marteau, il aurait pu se qualifier pour les JO de 1948 à Londres, mais a souffert de pleurésie. Pendant 5 des 6 années, il a terminé champion du tournoi royal de combat à la baïonnette. Mais quand il venait me voir jouer, il ne criait jamais."

Rioch, destiné à rester dans l'histoire comme "celui avant Wenger", accepte d'être oublié. Il reste un lien significatif grâce à son recrutement de Bergkamp, par exemple, pièce crucial de ce qui deviendra le puzzle multiculturel de Wenger. Rioch ne garde que de bons souvenirs de Dennis Bergkamp, ils avaient un lien particulier. Beaucoup disent que David Dein est l'homme derrière ce coup, mais Rioch donne une autre version. "J'ai décidé qui devait signer. Dès que j'ai su qu'il y avait un intérêt, il fallait bouger vite. C'était un homme merveilleux. Difficile à cerner parfois, mais très drôle."

Il y eu un choc après ce transfert, quand il découvre que Bergkamp est terrifié par l'avion, depuis un voyage en 1994 avec la Hollande pendant la Coupe du Monde. "J'ai reçu un appel de sa femme, Henrita, pour retrouver l'équipe à l'Hotel à St Albans. Dennis était assis dans sa chambre. Je lui demande ce qui ne va pas, il me répond "je ne veux pas prendre l'avion". On partait le lendemain. Puis il a annoncé, "j'irais en voiture, je pars maintenant"."

Bruce Rioch a eu le mérite d'être le premier après George Graham à avoir tenté de faire jouer un jeu plus débridé à Arsenal. Il a expérimenté Keown au milieu, il a donné aux latéraux, Lee Dixon et Nigel Winterburn, plus de liberté offensive que jamais. Au point où après une victoire 1-0 d'Arsenal contre Man Utd, Sir Alex Ferguson a demandé aux joueurs d'Arsenal "vous avez mangé du lion ce matin ?"

A l'époque le Board n'avait pas caché son envie de recruter Arsène Wenger alors que Bruce Rioch était encore aux commandes. Mais l'écossais est très admiratif de son successeur.
"Arsène a été un loyal et sobre serviteur d'Arenal, il s'est toujours conduit de manière exemplaire." Un hommage pas anodin. Il a récemment acquis le dossier militaire de son père de 268 pages, et le témoignage d'ouverture contient de manière identique les qualificatifs "loyal, sobre et exemplaire". Il n'y a pas de plus bel hommage pour l'homme oublié dans l'histoire, prédécesseur d'Arsène Wenger. Aussi éphémère que fut son passage, il a débroussaillé le chemin pour les futurs principes instaurés par le français.

jones79

Très difficile de suivre George Graham. Néanmoins il a fait venir Dennis Bergkamp  et David Platt, deux joueurs très importants dans l 'équipe 1997-1998 championne d'Angleterre et vainqueur de la FA Cup.

Vince

Citation de: jones79 le 06-05-2018, 10:23:15
Très difficile de suivre George Graham. Néanmoins il a fait venir Dennis Bergkamp  et David Platt, deux joueurs très importants dans l 'équipe 1997-1998 championne d'Angleterre et vainqueur de la FA Cup.

Je sais pas si il a eu un si grand rôle dans leur recrutement. Mais comme il le dit, il est arrivé dans un moment où c'était mission impossible, il a pas su se faire accepter par les cadres.

gunner4life

On verra si le successeur de Wenger tiendra aussi longtemps que Rioch