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Steve Rowley [1958-2022]

Démarré par Vince, 27-04-2022, 15:08:12

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Vince

27-04-2022, 15:08:12 Dernière édition: 27-04-2022, 15:20:52 par Vince
CiterPortrait de Steve Rowley



L'ancien responsable de la cellule de recrutement d'Arsenal a été instrumental dans l'éclosion de nombreux joueurs à Arsenal, dont Cesc Fabregas.

"Il a joué un grand rôle dans ma carrière. Lui et Francis Cagigao m'ont repéré, mais ensuite Steve devait convaincre Arsène Wenger et David Dein pour qu'ils donnent le feu vert. Chaque carrière commence quelque part, et la mienne a commencé avec lui. Il a été incroyable avec ma famille, je me rappellerai toujours de notre arrivée à Londres, il vient nous accueillir à l'aéroport et passe tout le weekend avec nous, il nous a fait visiter Londres. Je ne sais pas si il faisait ça pour impressionner mes parents, mais il nous a emmené dans un grand restaurant, sur le toit avec une superbe vue ! Le lendemain il nous a emmené à London Colney pour rencontrer Arsène et David Dein. Puis à Barnet pour rencontrer Noreen, la logeuse, il a dit ma parents que c'était la meilleure. C'était pas nécessaire, mais il faisait plus que son boulot. Après ça ma mère a sentit que j'étais entre de bonnes mains.

Ma première année, il ne manquait aucun de mes matchs avec la réserve, et quand je m'entrainais en équipe première, il venait voir chaque entrainement. Après il m'appelait, me donnait des conseils, ces petits détails qui aident à faire la différence dès le plus jeune âge. Je me rappelle une fois, je n'avais pas de costume pour aller à un événement, et Steve m'a emmené à Barnet, m'a acheté le costume au nom du Club. Aussi il nous emmenait manger au restaurant avec Philippe Senderos et Danny Karbassyoun. Il était comme ça. Une fois qu'il a su que j'étais prêt et que je n'avais plus besoin de protection, il a pris du recul. Après c'était plus nous qui allions vers lui. J'ai passé des heures dans son bureau devant les écrans d'analyses de matchs, d'adversaire. Une fois il m'a demandé ce que je pensais de Sergio Ramos, qui jouait en sélection U19 espagnole. Il m'avait dit qu'il pense qu'il fera une grande carrière et il a pas eu tort."




Terry Burton est un autre grand serviteur d'Arsenal. Après avoir été joueur du Club, il a été entraineur chez les jeunes pendant longtemps. Parmi ses responsabilités il s'occupait aussi du scouting, et c'est dans ce cadre qu'il a rencontré Steve Rowley, très souriant et travailleur. Ils nouent une relation professionnel, jusqu'à ce qu'Arsenal l'engage officiellement comme scout. Et il découvre alors Tony Adams, un jeune joueur qui va marquer sa réputation de recruteur.

"Steve a vu le gamin jouer, il l'a apprécié, il a été discuter avec son père, l'a fait venir à l'entrainement - à une époque où probablement tout les Clubs de Londres avaient la même idée" raconte Burton. Steve Rowley avait raconté sa première rencontre avec le jeune Tony Adams dans l'Arsenal Magazine. "J'étais un peu naïf car c'était mon premier gamin. Donc j'ai été l'approcher au centre d'entrainement de West Ham [où il jouait chez les jeunes] - ce qui est interdit de nos jours, je pourrais même pas passer la porte d'entrée. Puis j'ai demandé à son père si il pouvait le faire venir."

Terry Burton raconte la suite. "Tony est arrivé avec son père pour l'entrainement du soir pour les jeunes. C'était dans le terrain en salle derrière la Clock End. Ils vont voir l'entraineur et son père lui dit "Steve Rowley nous a dit de venir". Steve n'était pas là depuis longtemps, donc Tommy [Coleman, coach chez les jeunes] se retourne et demande "Qui est ce Steve Rowley ??!"" Alors que Tony Adams et son père sont sur le point de rentrer chez eux, Terry Burton éclaircit la situation - et le reste est rentré dans l'histoire. Son réseaux dans l'est de Londres a permit à Steve Rowley de découvrir ensuite Ray Parlour, le joueur d'Arsenal qui a joué le plus de match en Premier League (333).

Il a débuté tout en bas de la pyramide, "il a commencé par le scouting de jeunes joueurs alors qu'il était lui-même jeune" raconte Francis Cagigao. "Il s'est construit du plus bas. C'est très important de gravir les échelons. De nos jours on a des gens qui arrivent au plus haut niveau à des postes d'Analyst ou Data Scientist alors qu'ils n'ont pas gravit l'échelle. Il a passé du temps sur le terrain. Bien sûr il faut avoir du nez, l'oeil, mais l'expérience est très importante car il y a beaucoup de tentatives et d'échecs. Steve avait le don de savoir quand il voyait un certain type de talent et de caractère, il reconnait le potentiel."

A son arrivée au Club en 1996, Arsène Wenger fait de Steve Rowley le responsable de la cellule de recrutement du Club. Après des années sur le terrain, il était chargé de construire un réseau. C'est comme ça qu'il a travaillé avec des scouts comme Francis Cagigao, et un jeune Damien Comolli pour étendre le réseau à l'international, pendant que sur la scène national il s'appuyait sur Dave Holden, un ancien instit devenu scout. "Steve, avec la guidance d'Arsène, a construit le premier réseau international de recrutement à Arsenal. De nos jours on vie dans un monde dirigé par les technologies, on a perdu ce savoir humain, la capacité à construire des relations. Steve était un maître dans cet art" raconte Cagigao.

Dick Law l'ancien négociateur de transfert d'Arsenal qui a travaillé avec lui de 2009 à 2018 se rappelle. "Il déroulait le tapis rouge pour n'importe quel joueur - que ce soit un jeune inconnu de 17 ans ou un international expérimenté. Il appelait ça "faire les choses de la bonne manière", ou juste "être Arsenal". Il voulait faire comprendre aux joueurs dès leur premier jour au Club qu'Arsenal est un endroit spécial, où les joueurs sont traité avec respect, que tout le staff était de qualité, qu'il y avait un grand sens de l'histoire et de la tradition dans ce Club."

Il travaillait aussi avec Paul Irwin, Player Liaison Officer, et pour les jeunes joueurs par exemple il considérait très important de faire venir toute la famille lors de son arrivée au Club. "Steve considérait que toute la famille du joueur devait avoir une idée du Club dans lequel le jeune venait de signer." Dick Law se souvient : "Steve et Paul demandait à ce qu'on donne aux joueurs un téléphone portable le jour de leur arrivée. Pour les jeunes c'était un téléphone avec un abonnement limité, on voulait pas qu'ils fassent des folies ! Mais pour les autres, comme on O2 était notre partenaire, on organisait un contrat. C'était prêt pour eux dès qu'ils descendaient de l'avion. On avait un service de concierge de classe mondial pour les joueurs."



Rowley et Karbassiyoun.

Un scout qui l'a beaucoup côtoyé, c'est l'ancien joueur Karbassiyoun. "Quand j'étais jeune, Steve s'envolait jusqu'à Wilmington, Caroline du Nord, pour me regarder jouer. Il a passé 4 jours sur place, après les conseils de Bob McNab et Paul Mariner, mais je n'étais pas du tout au courant qu'il était là. Une semaine plus tard il appelle à la maison, ma mère me dit "il y a un anglais au téléphone qui veut te parler", et je l'écoute. "Hey Dan, c'est Steve Rowley d'Arsenal Football Club. Je sais pas si t'as déjà entendu parler de nous, mais on est un assez grand Club en Angleterre". Il était très humble, du Steve tout craché."

C'est encore Steve qui l'accueille en Angleterre. "Avant ça, Steve avait déjà trouvé des joueurs incroyable, j'étais devenu un jeune de 17 ans parmi d'autres qui rejoignait l'équipe première. Et pourtant il était là à l'aéroport." Steve Rowley lui donne un portable et lui demande d'appeler sa mère pour lui dire que le voyage s'est bien passé. "Dès le premier jour il m'emmène au centre d'entrainement, et il me présente à Arsène, "c'est le jeune américain dont je te parlais". J'étais un parfait inconnu et il m'a fait sentir que j'étais quelqu'un." Ensuite comme raconté par Fabregas, Rowley emmène le jeune joueur et son père pour visiter Londres, Buckingham Palace, le Parlement, la West End, et enfin Highbury.

"Il savait que j'étais plutôt bon à l'école, j'avais beaucoup de bonnes opportunités scolaire aux States. Après mon essai Arsenal voulait me signer, mais Steve m'a prévenu "je veux que t'y réfléchisse longuement, car [en venant ici] tu tires un traits sur d'énormes opportunités aux USA. Et à Arsenal malheureusement tu as très peu de chance de réussir. Je veux que tu viennes et que tu signes, mais statistiquement c'est la réalité." Quand une grave blessure force Karbassiyoun a prendre sa retraite de joueur, Rowley se débrouille pour faire de lui le scout d'Arsenal en CONCACAF. C'était assez courant pour Rowley de convertir en recruteur des personnes déjà familier à la culture Arsenal.

Karbassiyoun a donc passé 2 semaines avec Rowley pour apprendre rapidement le métier. "J'ai regardé 4-5 matchs avec Steve en l'espace de 2 semaines, il m'a tout montré, où récupérer les billets, comment cacher ses notes pendant le match, comment dialoguer avec les scouts des autres Clubs en gardant pour soit certaines informations. J'ai commencé à écrire des rapports, puis il était comme un professeur qui corrige mes copies. "N'utilise jamais ce mot", "ça ne veux rien dire pour moi", "tu ne prends pas position là" ... ça m'a permit de me construire."

Ty Gooden est aussi un ancien jeune joueur devenu scout d'Arsenal grâce à Steve Rowley. "Je m'asseyais en match avec lui, il arrivait à identifier certains aspects de la performance des joueurs, ou de leur caractère. Très rapidement il était décidé si un joueur était "un joueur d'Arsenal" ou pas. Rowley préférait voir les joueurs dans des matchs à l'extérieur, pour avoir un vision plus clair de comment réagit le joueur dans l'adversité. Un cas intéressant c'était Kingsley Coman, on le suivait de très près avant qu'il parte pour la Juve. On connaissait très bien le joueur, Steve est venu à un match - mais c'était typique de lui, il se mettait là où personne ne le reconnaitrait. C'était un match U17 du PSG à Beauvais. Il me rappelle et me dit "Ecoute, on a un super joueur là, c'est certain".



D'autres anecdotes de Terry Burton cette fois. "Je me rappelle quand j'étais entraineur adjoint à Cardiff, j'appelais Steve pour lui parler d'Aaron Ramsey. Il n'avait pas encore joué en équipe première, mais il s'entrainait chaque jour avec nous. Et ça a été un succès ensuite". "Une autre fois, je regarde les jeunes de Cardiff face à ceux de Southampton. Juste avant le coup d'envoi j'ai un appel de Steve qui me conseille de regarder de près l'arrière gauche des Saints. On l'appréciait beaucoup, c'était Luke Shaw. Il était toujours à la recherche des grands espoirs." Cette passion pour la découverte de talent est ce qui le rapprochait d'Arsène Wenger, qu'il appelait le "Boss", leur proximité était évidente et ils formaient un bon duo. "Ca sert à rien de découvrir Cesc Fabregas si le Manager en place ne veut pas travailler avec un milieu axial de 17 ans" rappelle Dick Law. "Steve avait cette confiance, si il amenait un jeune talentueux, alors Arsène lui donnerait sa chance."

Il y a quelques talents pour qui Steve Rowley s'est battu, notamment Van persie. Law raconte : "A pleins d'occasion Robin testait la patience d'Arsène. On en était au point où on se demandait combien de temps et d'énergie on peut encore investir dans un jeune qui montre des éclairs de talent mais aucune constance, et tout ça avec un comportement très discutable. Mais Steve a toujours défendu Robin, nous on lui disait "à un moment donné Steve il faut lâcher l'affaire", mais il persistait. Il était têtu et c'est le signe d'un bon dirigeant, la détermination à défendre ses idées."

En privé, Steve discutait avec Robin van Persie dans son bureau, à côté de celui de Wenger. Il lui montrait des clips de grands joueurs comme Pires, ou Bergkamp. Son bureau était toujours ouvert à tous, pour discuter de ses deux passions : le Football et la gastronomie. Il laisse un souvenir positif à tout ceux qui l'ont cotoyé. "Je pourrais dire un million de choses sur Steve, aucune ne serait négative" raconte Cagigao. "Un scout peut être le premier à repérer un joueur, mais on travaillait en équipe et Steve a construit cette équipe. Ce n'est pas seulement les joueurs, il a aussi influencé la carrière de gens du staff. Je ne pense pas que je serais devenu responsable de réseau de recrutement ou comme maintenant Director of Football sans Steve Rowley. Et je suis sûr que beaucoup peuvent dire la même chose. J'aurais souhaité qu'il puisse profiter plus longtemps de ses années de retraite, car il le méritait tellement."

jones79